Aux femmes de ma lignée

En tant que thérapeute, je remarque un phénomène touchant… Les patientes que je suis (car elles sont le plus souvent des femmes) arrivent toujours, au terme d’un long travail sur elles, à travailler sur leur lignée. La lignée des femmes qui les ont précédées. C’est une expérience que je fais aujourd’hui, après des années de retour sur mon identité, sur les fondations nouvelles de la vie que je choisis pour moi… Je connais des bribes, des petits bouts d’histoires de ces femmes qui habitent ma famille. J’en perçois les souffrances, les mots tus, les erreurs, les transpirations invisibles. J’ai écouté, prêté l’oreille à ce qui n’avait pas été dit. Le cœur, l’intuition ont perçu les silences lourds, et les cris qui n’avaient jamais été poussés. Comme une chaîne de douleur qui s’est prolongée, en filigrane, jusqu’à moi, jusqu’aux femmes de ma génération. J’ai perçu dans ma vie la trace de ces pertes de liberté, de ces limites qui ont pu, à maintes reprises, contraindre mes choix et les cantonner à des cadres bien trop petits…

Le travail que j’ai réalisé depuis quelques années, c’est un peu le leur. Je casse les schémas. Par conflit de loyauté, je peine à laisser au sol la chaîne qui les reliait. Comme si je me sentais coupable de les abandonner à leur sort… Je sais, je sais bien au fond, que c’est un lien puissant et d’une tout autre nature, qui va les relier désormais entre elles. Un lien doux, sain, un lien qui n’étouffe ni n’éteint. Mais il faut d’abord casser la chaîne et qui suis-je, moi, pour le faire une bonne fois pour toutes ? Je le fais, c’est indéniable. Je m’affranchis des règles invisibles qui ont pu régir leurs vies, à leur insu. Je fais péter le cadre, toujours trop petit et ce depuis le départ, pour la grandeur qu’elles auraient pu manifester, déployer. Ce qu’elles ont fait malgré tout parfois, jusqu’à un certain point. Ce point, je veux qu’il recule désormais. Je ne me donne aucune limite, car je sais qu’il n’en faut pas. Ou alors celles que je me choisirai, si je le juge nécessaire.

Car il y a un temps pour pleurer, et il y a un temps pour guérir. Un temps pour raser, un temps pour construire. Je vais donc construire, et le faire la joie au cœur, car de me libérer de mes vieux schémas m’autorise à le faire pour elles, qui n’ont pas toujours eu cette chance. Je le fais également pour les femmes qui prendront ma suite, mes petites filles peut-être… ? Ce travail de schémas que l’on casse pour soi, il atteint finalement toutes les générations et libère le monde. L’enjeu en vaut la chandelle.

 

Merci à toutes ces femmes qui m’ont précédées de m’avoir guidée, de me réchauffer de leur présence, de leurs encouragements muets, jour après jour, quand les doutes refont surface et que la route est dure, chaotique, sèche comme un désert de sable. Je sens votre amour et cela m’aide à poursuivre. A nous toutes, on va arriver à se libérer des vieux tissus qui ont étouffé nos vies, notre créativité, notre intuition et nos parts féminines si précieuses…

Donne-moi quelque chose qui ne meurt pas…

Je suis en train de lire S’aimer enfin ! de C. Fauré. Cet auteur m’accompagne de ses livres depuis plusieurs années. J’avais lu d’abord son livre sur la crise du milieu de vie. C’est en relisant un des passages que, le 2 janvier 2020, j’ai pris la décision de divorcer de mon mari, après 25 ans d’existence partagée. Une décision irrévocable, et que je n’ai jamais regrettée, puisqu’elle m’a permis de connaître le bonheur que je connais aujourd’hui… J’ai aussi lu celui qu’il avait écrit sur la crise du couple et qui m’a aidée à envisager la séparation, à l’intégrer. Aujourd’hui, ce livre que j’ai entre les mains résonne une fois de plus d’une manière particulière… Car le chemin de vie qu’il décrit, le sien, est en écho parfait avec le mien. Bien sûr, je n’ai pas passé 2 ans dans un monastère bouddhiste, je ne médite pas plusieurs heures par jour… Mais je commence à entrevoir, à percevoir, les états qu’il décrit lorsqu’il évoque cette partie en lui qui reste stable dans la grande difficulté.

 

Après 2 ans d’un voyage chaotique où j’ai touché du doigt la grande solitude, des difficultés physiques et émotionnelles que je n’avais encore jamais connues, des impasses et la confrontation avec mes vieux schémas, mes parts les plus sombres… voilà que j’arrive à une étape. C’est un peu le temps de repos avant la course folle qui devrait enchaîner, je le pressens depuis quelques temps. Ce repos, je le veux salutaire, tranquille, rempli de la conscience du chemin parcouru… J’ai eu le sentiment, durant 2 années, d’être un pantin désarticulé tant les vagues qui m’ont secouée ont pu être violentes parfois. Mais j’avais la volonté tranquille de ceux qui veulent aller au bout. J’y suis allée. Au bout du schéma qui m’avait rendue aveugle et qui s’est finalement déchiré comme un voile, me permettant de voir ce qui demeurait jusque-là invisible. Au bout de mes espoirs, de ces trahisons envers moi-même, des pans d’un passé peu brillant que je voulais me cacher… Au bout de ma fatigue, et de ces moments où l’ego perd pied et fait n’importe quoi, est prêt à tous les discours pour revenir à ce qu’il connait. J’ai tenu bon. Grâce à mes amis, ma famille, à ces podcasts sur la spiritualité, la loi de l’assomption… Grâce à des heures passées à marcher, durant des kilomètres, pour faire avancer la connaissance que j’avais de moi, pour remuer et oxygéner ces pensées qui avaient besoin de s’aérer… Grâce à l’homme que j’ai aimé et qui m’a permis de comprendre combien il était vital de ne plus faire de concessions sur celle que j’étais, de m’accepter moi-même telle que j’étais pour que, plus jamais, aucun homme ne soit le prétexte que je choisis pour me perdre à mes propres yeux.

 

Je me suis appuyée sur cette expérience pour devenir enfin la personne que j’étais vraiment. J’étais déterminée à dépasser toutes mes limites pour incarner enfin celle que je voulais être. Pour être dans cet endroit, quelques mètres sous la surface du lac. Ce niveau à partir duquel l’eau ne bouge pas, quel que soit le temps, quels que soient les vents et les vagues qui s’énervent au-dessus. Je voulais connaître cet espace tranquille qui ne s’émeut pas des événements qui se jettent sur la surface du quotidien. Je suis en train de trouver cela. Et ce coin dans ma conscience, il ne dépend de personne, il est vierge de toute influence, je m’y réfugie désormais lorsque j’en ressens le besoin. Ce que décrit C. Fauré dans son livre, c’est cette quiétude qui ne doit rien à personne et qui est là, en chacun de nous, lorsqu’on enlève toutes les couches qui en obstruent l’accès. C’est ce que j’essaie de montrer du doigt à mes patients lorsqu’ils cheminent vers eux-mêmes. Certains le trouveront. D’autres pas. C’est ainsi. Mais me revient souvent ces temps-ci le magnifique titre d’un livre de photo de Boubat avec les écrits de Bobin : « Donne-moi quelque chose qui ne meure pas ». Je pense qu’avec ce voyage de 2 années au cœur de moi-même, je me suis trouvée, et j’ai mis la main sur quelque chose qui ne meure pas…

Tout ce qui reste à vivre…

Les amours, les amis passeront, toi tu resteras…
Deviens ton premier amour
Apprends à te connaître et à t’aimer
Pardonne-toi les côtés les plus sombres
Marche à côté d’eux et apprends à ne pas te juger
Désensommeille tes côtés lumineux
Découvre-les pour en faire profiter tous les autres
Promène ces parts d’ombre et de lumière en toi
N’oublie aucune facette, assume-les toutes
Chacune raconte qui tu es, et combien tu es contenu en elles
Alors ose être
Ose prendre ta vie à bras le corps
Risque-toi dans l’inconnu
Ose l’amour et oublie la peur
Cours vers qui tu es et ouvre les bras au monde
Embrasse de ton amour tous les autres
Montre-leur qui tu es, dans la confiance
Fais le grand saut
Réalise ces rêves qui te taraudent
Fais-le pour tous ceux qui hésitent encore
Et qui doutent…
Le monde a besoin de ta lumière
De ta joie
De tes peines et de la manière dont tu les surmontes
Le monde a besoin de toi…

Juste à côté de vous…

Je suis discrète, dans le blog, cette année. On dirait que la vie va trop vite, et que je peine à rattraper le wagon qui s’enfile sur les rails… Mais je prends le temps à présent. Ironie de l’histoire, je m’apprête à le faire à la rentrée, précisément le moment où tout reprend… Cependant, si on est logique, c’est au moment où les jours raccourcissent que l’activité devrait s’alléger ! Alors je décide de suivre le rythme de la nature. Dans cette année folle qui vient de s’écouler pour moi, j’ai posé les bases de ma nouvelle vie, et je m’occupe enfin de l’important au-delà du matériel : l’esprit. C’est un domaine sur lequel je travaille d’arrache-pied depuis des mois. Mais cette fois, je vais l’approcher par l’écriture.

Comment vous dire que ma vie a un sens bien plus profond depuis que je fais le métier que j’aime… Je reçois en effet désormais des patients dans mon cabinet, en hypnose et en shiatsu. Je ne peux vous décrire le bonheur que c’est de voir débarquer une nouvelle personne, souvent dans un état déplorable (physiquement, psychologiquement et émotionnellement : cela va souvent ensemble) et de la voir se relever au fil des séances ! Qu’il s’agisse de l’hypnose ou du shiatsu (parfois les deux en même temps), j’assiste la plupart du temps à des renaissances, la lumière se dégage petit à petit de la personne et se met à rayonner autour d’elle, souvent à son insu au début. Les patients qui viennent me voir sont prêts à faire le voyage. Ceux qui ne le sont pas annulent après le 1er rendez-vous. Remettre en question un mode de fonctionnement fait peur, c’est tellement naturel, cette résistance… Pour ceux qui osent, nous cheminons ensemble. Je suis à côté d’eux lorsque les émotions sortent, c’est parfois violent, souvent émouvant, jamais triste. Ils vont au fond d’eux-mêmes, et déterrent des trésors dans leur passé, des pépites de souvenirs qu’ils choisissent de débloquer en hypnose. Ou ils lâchent prise et libèrent des émotions et des blocages énergétiques dans le shiatsu. Dans les deux cas, ils sont présents à eux-mêmes, se traitent avec bienveillance, avancent avec confiance même s’il leur arrive aussi de douter…

J’ai souvent le sentiment d’être comme la sage-femme qui est présente lors de la naissance de l’enfant. Son rôle est d’être le garde-fou, c’est la femme et l’enfant qui font l’essentiel du travail mais elle se tient à côté, pour eux. Et c’est incroyablement gratifiant, cette lumière dans le sourire quand la personne vous dit qu’elle ne reprendra pas rendez-vous, qu’elle a fait le chemin qu’elle était venue faire… Je suis triste, un peu, de ne plus pouvoir les voir à l’occasion des séances. Mais profondément joyeuse de ce voyage accompli, de la nouvelle vie qui commence alors, et des perspectives de bonheur qui s’annoncent.  Bravo à vous tous, qui avez le courage de travailler sur vous pour devenir de meilleures personnes, plus intègres, plus libérées dans votre corps, plus aptes à laisser la lumière vous traverser pour la déposer sur les gens qui vous entourent…

Merveilleux covid

Je sais, je ne vais pas me faire des copains… Je sais, le COVID est un virus qui tue, et qui continue de tuer. Je sais, on ne peut décemment pas se réjouir qu’il se soit incrusté sur la planète. Et je déplore d’emblée toutes les personnes qu’il a emportées dans son sillage. Et pourtant… J’ai envie de voir le verre à moitié plein. C’est dans ma nature. J’ai envie de vous emmener faire un petit tour dans le pays des « et si », histoire de voir s’il n’existe pas une autre manière de considérer les choses…

 

Et si le covid était une bénédiction déguisée ? Après tout, avec les différents confinements, on a vu des espèces d’insectes se remettre à pulluler, celles précisément que la pollution générée par nos activités avaient presque fait disparaître… Pensez également à la qualité de silence dont nous avons bénéficié durant plusieurs semaines lors du premier confinement : avez-vous eu le souvenir d’un tel repos pour les oreilles ? Même le ciel, habituellement strié par les avions, était d’un bleu imperturbable…

 

Et si le covid nous permettait d’être plus élevés ? Après tout, le télétravail, les confinements nous ont obligés à faire une chose que beaucoup n’ont jamais fait de leur vie : rester tranquille à la maison, et avoir du temps pour réfléchir, se poser, lire… Envisager la vie sous une autre forme ? Une activité professionnelle qui nourrirait davantage notre besoin d’accomplissement ? Pascal l’a bien écrit : « Tout le malheur des hommes vient de ne savoir pas demeurer en repos, dans une chambre. » Tout est dit. Du coup, prochaine étape : acheter mon dernier bouquin qui vise à accompagner ceux qui veulent réaliser leurs rêves, et foncer ! J

 

Et si le covid nous apprenait à voir ce qui compte ? Après tout, nous avions pris pour acquis tant de choses qui s’avèrent indispensables… Le fait de pouvoir circuler librement dans la rue et à toute heure. Les couvre-feux successifs sont venus nous le rappeler… Le fait de pouvoir passer une journée en respirant facilement. L’air est plus difficile à trouver à travers un masque… L’activité primordiale de toutes ces personnes dédiées en sourdine à notre bien-être : les professeurs, le personnel soignant, les éboueurs, les routiers… Toutes ces personnes dévalorisées dans l’échelle sociale, bien souvent… J’ai appris à cultiver le plus grand respect pour les enseignants quand il s’est agi pour moi d’enseigner à mes enfants sur le bateau. Et de nombreux parents l’ont appris, à l’occasion du covid !

 

Et si le covid était un vecteur de changement radical ? Après tout, il a tant bouleversé les vies, le fonctionnement des sociétés et des économies, la politique, qu’il a rebattu toutes les cartes d’emblée… Il sera difficile de repartir sur des bases semblables à celles de l’ancien monde. Force est de constater qu’une fois de plus l’adage se vérifie : « tu mues ou tu meurs ». Nous devons aujourd’hui repenser les choses, orienter nos activités vers des professions qui ont du sens, une écologie omniprésente dans tous les plans d’avenir pour construire le nouveau monde, le respect de l’autre, de la différence…

 

Je suis une grande rêveuse, et cela n’est pas prêt de s’arrêter. J’ai donc envie, besoin, de rêver que le monde post covid sera bien plus éveillé spirituellement, et qu’il saura se repenser en plus grand, en plus sage et en plus beau. Merci covid.

La philosophie du non agir

J’ai une amie qui vient de perdre sa mère. Mon amie a la fin trentaine, et ce décès est survenu brutalement. Le choc a été immense. Mon amie dit que ses journées sont de plus en plus difficiles à traverser, comme si la douleur empirait au fil du temps. Alors même que l’on décrète généralement le contraire : que le temps guérit les blessures. Je lui ai proposé, pour l’apaiser un peu, de lui faire une séance d’hypnose ou de shiatsu. Elle a refusé d’un bloc. Elle m’a dit vouloir vivre pleinement ce moment, être présente à la souffrance telle qu’elle se présentait à elle à cet instant. J’avoue avoir été un peu déconcertée, sur le moment. Puis, j’ai compris.

Venant moi aussi de traverser une période tumultueuse, je saisis ce qu’elle a voulu dire. Ce désir de vouloir rester debout dans la tempête, de se laisser baigner par l’expérience que le corps, l’esprit sont en train de vivre, sans chercher à en changer un seul détail. Ce qui pourrait passer pour du masochisme est en réalité une forme de présence à ce qui est, une acceptation ultime d’un défi que la vie nous présente et nous demande de relever.

Résister à ce besoin de noyer la peine, de détourner l’énergie de la douleur vers des activités sans fin, de trouver quelqu’un à tout prix parce qu’on est célibataire… Cela donne une force et une puissance intérieure que l’on garde avec soi pour la vie d’après. Cette vie où la blessure s’est refermée, et où on sait qu’on a su la soigner dans la non réaction.

Car nous sommes si prompts à vouloir guérir vite, à panser les blessures, à regarder ailleurs quand ça fait mal. C’est un réflexe, tout ce qu’il y a de plus humain… Pour autant, en restant dans ces réponses « type », nous nous évadons de nous-mêmes. J’apprends, dans une période de vie difficile, à me poser, à rester sur mon canapé à sentir le passage du temps, à me centrer et à évaluer mes ressentis, à les regarder comme des personnages qui s’agiteraient devant mes yeux. J’arrive désormais à ne plus les voir comme étant moi, mais simplement une manifestation à laquelle je n’ai plus besoin de réagir. Je n’y arrive pas toujours, bien sûr. Mais de plus en plus souvent. C’est là, précisément, que se crée un espace. Un lieu magique de liberté mentale où je peux être le calme, la respiration intérieure, sans que les événements ou les émotions ne viennent perturber le lac que j’admire et dont l’eau est étale.

Et au quotidien, j’y trouve un lâcher-prise qui m’étonne toujours, une capacité à accueillir ce qui arrive en y réagissant de moins en moins. Car j’ai cette petite conviction que j’arriverai à faire face, et tout finira par aller parfaitement dans mon sens. Ce qui se produit, inévitablement.

Mon amie va vivre cette période, et en sortira grandie, parce qu’elle accepte la réalité qui lui a été proposée et qu’elle ne veut pas réagir à cela. Elle se laisse entraîner par le courant, sans lui résister, et j’ai la plus grande admiration pour son choix. Je tente de faire pareil, et j’y trouve une paix que je n’avais encore jamais perçue. Gageons que ce qui a été appris ne sera jamais oublié. Je vous souhaite ainsi de méditer sans y penser, en vous posant sur un canapé, sans cérémonie. Pour simplement écouter le bruit de la vie qui passe. Elle le fait toujours en silence. Il suffit de prêter l’oreille…

Collateral Beauties et autres miracles

Le beau moment, lorsque la musique du générique vient plonger dans une agréable torpeur après un bon film. Celui que j’ai en tête, c’est Collateral Beauties (Beautés Cachées). Brochette de bons acteurs, et un scénar qui tranche avec ce qui se fait généralement dans les films américains, un script avec quelques belles phrases. Ou des concepts. La mort, l’amour, le temps. Qu’ont ces 3 personnages à faire dans la vie d’une personne qui a perdu son enfant ? Tout, apparemment. Il suffit d’entendre les lettres que le père leur adresse, tout à sa colère et à son deuil. Et comment dépasser ce dernier ? Comment survivre à la douleur ? Parfois, il faut pouvoir bousculer la peine, l’obliger à quitter ses marques pour arriver à lever la tête. Parfois, il faut tout un cheminement pour aller plus loin et utiliser ce qui fait mal pour chercher la beauté. Elle se cache, et c’est bien naturel : la plupart d’entre nous ne parvient pas à la dénicher dans un quotidien trop convenu. Elle se mérite, elle demande à être cherchée, pistée dans les petites choses qui échappent à l’œil inattentif. Peut-être que cette beauté-là, c’est une capacité d’émerveillement qui est pour certains innée, pour d’autres, c’est une femme à conquérir, pour d’autres encore, c’est un combat mené de haute lutte après une grande souffrance… Mais sa découverte laisse un avant et un après. Comme si le changement était inéluctable, une fois la transformation réalisée. L’après est époustouflant, et rien ne sera plus pareil ensuite. A chacun de trouver sa façon de la dénicher… Puis d’en jouir.

Et puis une autre histoire. Celle qui se déroule dans le film The Peace Warrior, le Guerrier Pacifique. Un jeune gymnaste promis pour les jeux olympiques qui rencontre un sage déguisé en pompiste dans une station-service. Et quand sa vie explose, on suit le parcours du guerrier qui va en fait combattre… nul autre que lui-même. Il y a des films comme ça qui laissent une trace de leur passage, un peu comme les livres. Celui-là ne laisse pas indifférent. Car il reprend des thèmes importants de la vie : la réussite, le deuil, les aléas de la vie ou ce qui en a les apparences (le hasard existe-t-il vraiment ?). Le jeune homme se prépare pour les jeux olympiques, et tous ses efforts sont tournés vers ce but, jusqu’au jour où tout bascule. C’est l’histoire d’un homme qui découvre qui il est, ce qu’il veut et ce qu’il est capable de faire grâce à l’enseignement d’un pompiste sage.

Ces questionnements me parlent. Depuis que j’ai ouvert mon cabinet en hypnose et en shiatsu, des personnes arrivent, et souvent avec la même problématique. Elles ont 30, 40, 50 ans… Elles se retournent sur leur existence, et leur vient cette question, comme un boomerang : « qu’est-ce que j’ai fait de ma vie jusque-là ? ». La réponse les terrifie. Ils voient du travail, de l’action, du faire… Des relations avec d’autres, un emmêlement de liens où leur désir s’est perdu, dissout dans celui de leurs proches. Ils n’ont pas de sentiment d’accomplissement, il leur manque le sel de ce qui fait la vie, la vraie, celle que l’on respire dans le cou d’un enfant ou lors d’une randonnée en montagne.

Ces personnes sont touchantes parce que je sens en elles un désarroi presque palpable, et l’envie de trouver enfin leur propre nord, le fil des désirs qui les accompagnent et qu’ils n’ont encore jamais pris le temps, la peine d’écouter. Ou, pour certains, qu’ils n’ont même pas identifiées. Cette recherche les saisit un jour, et le malaise est trop présent, à un moment donné, pour qu’ils fassent comme s’il n’existait pas. Alors ils passent la porte du cabinet pour avoir des réponses. Et ils les trouvent, lorsqu’ils sont prêts à faire ce que j’appelle le voyage. Il est alors fascinant d’observer ce cheminement intérieur vers l’inconscient, qui leur permet de reprendre contact avec la personne qu’ils sont véritablement depuis toujours.

Je suis toujours émerveillée de voir les déclics se produire, l’inconscient s’ouvrir doucement au fil des séances, à mesure que la confiance s’installe. Ce sont chaque fois de petits miracles qui donnent alors un élan à la vie qui reste, à celle qui doit encore se définir pour les décennies à venir. Je me sens pleine de gratitude d’avoir la chance de voir ces petites naissances…

Se laisser être fragile…

31 décembre. Dernier jour de l’année. Peut-être le moment rêvé de se poser un peu, de réaliser le chemin parcouru durant les mois qui viennent de s’écouler. Beaucoup laissent entendre que l’année a été « pourrie », « difficile », « abominable »… Des qualificatifs désolés pour dire les moments de doute, de découragement, d’impuissance face à l’épidémie, aux contraintes financières vécues par beaucoup, à tout ce magma d’inquiétudes qui s’est déversé sur des existences jusque-là routinières… C’est un stade que je conçois, mais qu’il faut sans doute dépasser, sous peine d’échouer à lancer 2021. Le fait de rester sur le négatif confine à l’impuissance et à la stagnation, par peur. Peur de ne pas arriver à contrôler, d’échouer, peur de ne pas y arriver et de tomber, surtout.

Mon année a été riche en événement que beaucoup pourraient qualifier de négatifs. Pour autant, ma lecture en est toute différente. J’estime avoir atteint un état de bonheur rarement atteint. Une solitude heureuse qui ne doit rien à l’extérieur, et tout à un travail intérieur que j’ai réalisé au fil des moments que j’avais d’abord qualifiés de « difficiles ».

Notre quotidien sera toujours jalonné, de cette façon, d’événements qu’il nous appartiendra de voir comme des couperets ou des opportunités. Notre vision de ce qui arrive teintera la manière dont nous pourrons grandir, ou pas, au travers de ces moments proposés. Il faut aussi réaliser l’importance énorme de nos pensées, nos mots, nos anticipations et nos désirs sur la survenue des événements de notre vie. Nous appelons, par nos vœux inconscients, une bonne part de ce qui vient à nous. A nous d’être conscients de ce pouvoir, et de formuler consciemment les désirs qui nous porterons demain. C’est le jeu des vœux en ce début d’année qui arrivera dans quelques heures. Soyons précis dans nos demandes, et nourrissons l’espoir qui aidera toutes ces belles choses à fleurir sur le terreau de notre vie.

 

Une conclusion à laquelle je suis arrivée, au terme de ces mois tumultueux que je viens de vivre, c’est l’importance vitale de se rendre vulnérable. En amour, plus qu’ailleurs, il s’agit d’une attitude indispensable pour oser une vraie rencontre authentique. A mes yeux, la vulnérabilité est cette capacité à se tenir debout face à l’autre dans toute notre nudité. Cela signifie que l’on est prêt à se montrer dans toute sa vérité, les défauts comme les qualités, les zones d’ombre comme les endroits lumineux. Cela suppose de connaître déjà ce qui nous anime de l’intérieur, et d’avoir posé le doigt sur ces parties de nous qui nous plaisent moins. Ou, à défaut de les avoir visitées en profondeur, de les accepter.

Se rendre vulnérable, c’est aussi accepter de donner et de recevoir sans attentes. Donner sans attentes, c’est-à-dire sans avoir besoin d’un retour de la part de l’autre, qui choisira ce qu’il souhaite faire du présent, en toute liberté. Recevoir sans attentes, c’est être capable de tendre les mains pour que l’autre y dépose ce qu’il a à donner. Il importe alors, si on n’a pas eu l’habitude de recevoir, d’accepter la fragilité de se sentir, peut-être, redevable. Un sentiment invivable pour certains, en ce qu’il crée comme un devoir de rendre, qu’il donne à l’autre un pouvoir sur nous : celui de reprendre, ou d’utiliser ce qui est donné pour imposer ou contraindre.

En amour, savoir recevoir, c’est se montrer fragile en dépassant ce sentiment de vouloir donner en retour. Accepter le cadeau, et simplement se sentir reconnaissant. Se montrer vulnérable, c’est accepter de l’autre ce qu’il a à donner, sans savoir la forme que cela pourra prendre. Sans chercher à contrôler ce qui arrivera. Une posture d’ouverture et d’accueil qui donne à l’autre la possibilité de se déployer en toute liberté. C’est contraire à ce que beaucoup d’entre nous ont appris : le contrôle est souvent la protection ultime qui nous a été utile, petit, lorsque nous devions nous protéger, nous conformer aux demandes inconscientes qui nous étaient faites.

L’amour demande que cette armure-là tombe, et que le contrôle nous échappe pour accueillir ce qui vient de l’autre de la façon dont l’autre a besoin de le transmettre. Sans vulnérabilité, le contrôle garde la citadelle de l’ego et rien ne circule… Le contrôle empêche la fragilité et éteint l’amour aussi sûrement que l’eau étouffe la flamme. Imaginez seulement une nuit d’amour où l’un arrive nu tandis que l’autre a enfilé une armure en cuir et en métal ! Et l’ego, il a toute sa place, mais en amour, force est de constater que leur coexistence amène rarement l’abandon. Lâcher prise est indispensable pour se rendre fragile, et c’est précisément ce que l’ego fuit par-dessus tout ! La vulnérabilité en amour impose alors que l’ego soit relégué dans un tout petit espace où il ne viendra pas se mettre en travers du chemin et tenter à tout prix de faire respecter ses lois. Se rendre vulnérable, c’est accepter de rester humble…

Pour 2021, je nous invite à accueillir la vulnérabilité qui permet à l’amour de circuler librement. Certains appellent cela se mettre en position de faiblesse. Je trouve plus juste de dire en position de réceptivité. C’est une manière de s’accueillir soi, dans toutes ses dimensions, et d’accueillir ce que l’autre a à donner, quoi que ce soit. Ce n’est qu’à cette condition que l’amour pourra s’épanouir en toute liberté et l’énergie circuler. En 2021, l’amour pourrait bien prendre toute la place, et c’est sans doute ce dont le monde a besoin aujourd’hui, plus que jamais.

 

Sirsasana ou la résilience en mouvement

Il existe une posture de yoga que j’aime beaucoup. Pour le défi physique qu’elle présente, mais aussi pour la symbolique qu’elle apporte. La posture sur la tête, aussi appelée Sirsasana en sanskrit, est un pied de nez à la gravité, et on l’appelle aussi la posture de la peur. Pourquoi ? Parce qu’une fois qu’on a développé la musculature adéquate pour la réaliser, le plus grand obstacle à sa réalisation réside entre les deux oreilles ! Il s’agit de s’autoriser à monter dans cette posture délicate, et surtout… à tomber ! C’est la raison pour laquelle, lorsque je l’enseignais, j’encourageais les étudiants à apprendre à « rater » le mouvement et à tomber, sans se blesser, au sol.

Je trouve dans cette posture une très belle métaphore de ce que je vis actuellement. L’année 2020 qui s’achève m’a malmenée d’un bout à l’autre. Comme en yoga, la vie m’a poussée à regarder mon existence la tête à l’envers, m’invitant du même mouvement à rester à l’équilibre, quels que soient les événements qui viendraient se manifester. J’ai résisté, lutté, je me suis débattue, je suis passée au travers, j’ai gueulé aussi, j’ai maudit et j’ai aussi accepté. Le divorce, la maladie, le déménagement, le changement de boulot et les deuils, nombreux, l’instabilité émotionnelle et financière, les amis qui tournent le dos et ceux qui entrent dans ma vie. Tout ce bouleversement ramassé sur quelques mois m’a véritablement mis la tête à l’envers. Voici en quelques mots ce que j’ai appris au fil des jours qui ont parfois paru très, très longs…

 

J’ai appris que, peu importent les circonstances, rechercher qui je suis était la plus importante des quêtes.

J’ai appris que l’amour, et lui seul, était ce qui valait la peine d’être conquis, intégré, accepté et accueilli. Que l’amour était en moi, et que je n’avais plus à le rechercher chez les autres : il existe partout et survit à tout, pour peu qu’on sache le voir dans son omniprésence.

J’ai appris que les autres n’étaient que le reflet de qui j’étais et qu’à ce titre, je devais changer mon état intérieur pour voir les changements apparaître chez les autres. L’amour que je me porte n’est pas conditionné par ceux que je côtoie : il en est la manifestation.

J’ai appris qu’il était possible d’être heureux quelles que soient les circonstances qui s’imposaient à moi. Et qu’il ne tenait qu’à moi d’en faire des événements favorables, par ma façon de les accueillir. Car en y pensant bien, une chose arrive et ne peut être vue positivement ou négativement que si l’on se met à la juger comme telle. En l’acceptant comme elle se manifeste, je m’autorise à l’accueillir et à en faire, ultimement, une occasion de grandir et une opportunité.

J’ai appris que le manque de quelqu’un, le désir d’attirer des personnes ou d’en éloigner d’autres, n’étaient que des réactions à la peur. Si je décide de faire venir l’amour et de le cultiver en moi, il n’y a plus cette peur, pas plus que ce besoin d’attirer ou d’éloigner. J’ai cette conviction désormais que toutes les belles choses que j’anticipe pour moi-même arriveront, quoi qu’il arrive, et sans effort, dans la mesure où c’est l’amour qui guide mes actes, et non la peur. Plus besoin de me protéger ou de trépigner en attendant avec impatience que ce que je souhaite plus que tout arrive. Cela va finir par arriver.

J’ai appris que l’intention et le mouvement du cœur entraînent des manifestations incroyables, et qu’il faut impérativement prêter la plus grande attention à ce que l’on pense et ce que l’on dit. Une énergie puissante est contenue dans ces pensées et ces mots, qu’il ne faut pas prendre à la légère. Dire aux personnes que l’on aime qu’on les aime relève presque d’un devoir et d’une liberté que je m’autorise en permanence désormais. Et m’interdire de médire est un objectif indispensable.

J’ai appris qu’il est vital pour moi à présent de prendre mes rêves pour des réalités, et de ne plus laisser le moindre obstacle m’arrêter. Ma vie est décidément trop courte pour que je la passe encore à m’appesantir sur le passé, sur mes erreurs ou mes échecs, ou à vouloir des choses qui ne me correspondent pas. A chaque minute, je reste éblouie par les beautés que je perçois partout et dans toutes les personnes que je croise. Je ne veux plus me concentrer sur le négatif, mais laisser le positif éclairer le chemin.

J’ai appris que les personnes que j’aimais étaient comme des cadeaux que je déballe chaque jour avec bonheur. Et les surprises sont constamment en train d’apparaître, je m’en réjouis jour après jour.

 

Je sais que les difficultés que la vie apporte semblent parfois insurmontables. En réalité, rien de ce qui nous arrive ne dépasse notre capacité à les gérer. La vie est ainsi faite qu’elle nous permet de grandir avec des « présents » que nous pouvons choisir de juger, auxquels nous pouvons résister de toutes nos forces. Nous pouvons aussi choisir de les accueillir comme tels, et d’ouvrir nos bras à l’expérience proposée, pour devenir de meilleures personnes.

Au bout de cette longue année, j’ai un sentiment de gratitude immense pour toutes les personnes que j’ai rencontrées, toutes celles qui m’ont soutenue de manière inconditionnelles, toutes celles qui m’ont enseigné, à leur insu souvent, mais toujours avec amour. Que chacun(e) se sente remercié à la juste mesure de ce qu’il(elle) a donné, qu’il(elle) en soit conscient ou non…

 

En cette fin d’année, je vous souhaite de devenir, chacun d’entre vous, la meilleure version de vous-même. Des personnes aimantes et qui savent s’apporter à elles-mêmes l’amour dont elles ont toujours manifesté le besoin. Cet amour-là, une fois que vous l’avez manifesté pour vous, pourra rayonner bien au-delà de vous et faire de ce monde un bien plus bel endroit pour vivre…

 

Je vous laisse l’adresse d’un site (en anglais…) qui m’a bien aidée à orienter ma barque sur le flot tumultueux de cette année : https://www.iam-love.co/

Sentez le vent

Sentez le vent sur le visage, déposant comme une caresse évanescente qui vous rappelle ce jour de tempête sur une côte bretonne. Ou bien posez-vous sur le sol, à plat ventre, pour contempler cette fourmi qui bouscule avec acharnement un mille pattes desséché. La coccinelle qui se réveille derrière la fenêtre fermée après une longue hibernation. Ecoutez le bruit des enfants qui crient dans la cour et font des signes de la main aux passants. Il y a une vie, en dehors de la course folle. Moi, je sens depuis des mois une vibration de liberté dans ces moments perdus pour le reste du monde, mais qui forment un enchevêtrement de mouvements éphémères et précieux… La liberté, ce serait quoi ? Partir sans savoir où aller et aller à l’aventure, comme le héros de Into the wild ? Vivre une grande histoire d’amour et se garder authentique et serein, à l’abri d’une quelconque dépendance ? Savoir regarder la fourmi et son ballet savant, quand le reste du monde s’agite autour sans voir ce miracle de persévérance ? Ou, peut-être simplement, avoir conscience de la possibilité que nous avons de réaliser ce qui nous chatouille, et le faire tranquillement, un petit rêve à la fois. Croire en soi, et arroser chaque jour la graine de l’autonomie, celle qui fait toute sa place à une vie intègre, qui ne doit rien à l’extérieur et pousse à l’ombre des regards.

Sentez le vent et laissez-vous rêver à une vie plus large, où l’avenir n’est pas envisagé comme une date sur un planning, mais comme l’inconnu qui s’offre sans promesses ni mauvais présages. Un espace ouvert sur des réponses que l’on ira chercher, sans savoir l’or qu’on y trouvera pour soi. Liberté de ne pas savoir de quoi sera faite l’année qui vient, parce qu’on se donne le choix de naviguer vers soi sans avoir décidé encore quels chemins la vie nous fera emprunter pour y arriver. Un soupçon d’imprévisible pourrait faire basculer le train train en un événement magique. Et il arrive qu’en dépit de nos efforts pour imposer un rythme stable à un quotidien tressé serré, la vie se charge de tout faire brinquebaler de toute façon ! En yoga, la posture sur la tête est une manière de s’entraîner à rester droit même quand on a la tête en bas… Droit quand la vie bouscule tout autour de soi. Elle qui sait si bien, à sa manière, nous aider à chercher notre liberté dans les grands bouleversements qu’elle impose parfois. Un confinement, et ça repart…