Eh oui… 2019, et nous en sommes encore à devoir pousser notre petite voix sur les réseaux pour faire entendre notre inquiétude quant au monde que nous sommes en train de laisser à nos enfants. Je vous épargnerai la description de toutes les espèces qui disparaissent, et de ce qui pourrait nous attendre… Vous savez déjà pour la plupart ce qui nous pend au nez…
Face à ce constat, nous avons à mon avis trois options. 1) L’attitude défaitiste qui consiste à croire que plus rien ne pourra être fait pour changer la donne, et qu’il est déjà trop tard 2) Celle, passive, qui se limite à observer ce qui se déroule devant nos yeux tout en se déclarant impuissant à changer les choses, dépassés que nous pouvons nous sentir devant l’ampleur de la tâche 3) Il y a enfin une posture qui vise à prendre le taureau par les cornes et la poubelle de recyclage dans les mains pour se mettre au travail.
C’est aux partisans de cette dernière solution que je souhaite m’adresser aujourd’hui. Pour cela, j’ai élaboré une déclaration que j’ai nommée « Déclaration du Citoyen du Monde », simplement parce qu’au-delà des frontières se trouve une chaîne invisible qui nous relie tous et pourrait bien changer le monde. A défaut des politiques globales que nous attendons tous et qui tardent à s’imposer, je vous propose ici une approche certes plus modeste, mais sans doute plus efficace aussi. Voici le plan d’attaque…
D’abord, je vous invite à lire la déclaration ci-dessous.
L’idée serait de vous l’approprier, en la modifiant ou en la complétant, de
manière à ce qu’elle ressemble à ce que vous souhaitez, individuellement ou en
famille, mettre en place pour changer votre petit bout de monde à vous. La
logique veut en effet qu’on donne raison à Gandhi quand il déclarait qu’il
fallait incarner le changement que l’on voulait voir apparaître dans le monde (Be the change you want to see in the world).
Une fois que votre version vous convient, je vous propose de l’imprimer, et de l’afficher en bonne place dans votre maison. Et pour finir (ou commencer !), l’idée est de mettre en pratique ces résolutions qui seront un peu les directions que vous voulez donner à votre façon de réintroduire l’écologie dans le quotidien. L’idée étant qu’à force d’être sollicités par des citoyens mobilisés tous ensemble dans un même but, les politiques finissent par y croire eux-mêmes et bougent dans le bon sens. De plus, ce sont vos enfants, pour qui vous êtes des exemples, qui changeront, et aussi vos voisins, vos collègues… La tâche d’huile faisant son boulot, vous pourriez bien être surpris de l’impact de vos actions minuscules à une échelle mondiale !
Vous êtes prêts ? Si c’est le cas, alors au
travail !!!
DÉCLARATION DU CITOYEN DU
MONDE
Je m’engage dans la présente déclaration à réaliser les actions suivantes, dans le but de faire de la planète un endroit où il fait bon vivre pour toutes les espèces vivantes et pour assurer un avenir à nos enfants:
PRENDRE
SOIN DE L’AIR
.
Chaque jour, dès que cela m’est possible, je délaisse ma voiture pour privilégier
les transports doux qui n’émettent que peu ou pas de pollution, et me
permettent d’être en meilleure santé (marche, vélo, trottinette, bus, métro,
train…)
.
Je privilégie les achats de produits locaux et limite mes achats par internet
pour diminuer les effets du transport sur l’atmosphère
.
Je limite l’utilisation du bois de chauffage
.
Je plante des arbres dès que j’en ai la possibilité ou je soutiens des actions
réalisant des projets de reforestation
PRENDRE
SOIN DE LA TERRE
.
Afin de limiter les déchets émis par mes achats et mes activités, je recycle le
plus possible les matériaux que j’utilise et limite mes achats aux produits qui
sont les plus écologiques, biodégradables ou n’utilisant que des emballages
raisonnés en évitant le suremballage
. A
la maison, j’utilise un composteur pour diminuer la taille de mes poubelles et
exploiter le compost dans les jardins
. Je
choisis des nettoyants simples (bicarbonate de soude, vinaigre…) et je bannis
les pesticides de mon environnement
.
Pour me vêtir, je réalise mes achats dans les ressourceries ou auprès de
commerçants qui recyclent les matériaux ou garantissent des matériaux
écologiques
.
Je privilégie les contenants sains pour la nourriture et les boissons :
métal, verre et contenants biodégradables
PRENDRE SOIN DE L’EAU
.
Lorsque je consomme de l’eau, je le fais avec parcimonie en éteignant le
robinet dès que possible (brossage des dents, douche…)
. Dès
que c’est possible, je récupère l’eau de pluie pour la réutiliser au jardin ou
pour les sanitaires
.
J’utilise des bouteilles en verre ou en métal pour ne plus avoir à acheter des
bouteilles de plastique, et je choisis de ne plus utiliser de vaisselle jetable
en plastique
.
J’utilise des liquides biodégradables pour toutes mes activités (nettoyage,
produits d’hygiène, etc.)
PRENDRE
SOIN DE SOI
.
Chaque jour, je me réserve un moment à moi pour me ressourcer
.
Je prends soin de mon corps et consomme des aliments sains et simples, tout en
m’offrant de petits plaisirs de temps en temps
.
Je me connecte à mon corps et me mets à son écoute pour avoir une vie plus
équilibrée et lui permettre de se dépenser dans le sport
. Je
m’accorde un petit plaisir par jour pour rayonner et faire profiter aux autres
de ma joie de vivre
.
Je réalise mes rêves et je me construis une vie où je me sens bien
.
J’établis une relation harmonieuse avec moi-même, mes proches et ceux qui
m’entourent pour prendre soin de l’écosystème dans lequel j’évolue
Au
quotidien, je fais le choix de simplifier les achats, les possessions, les
activités et mes relations avec les autres… Je me reconnecte à cette nature que
je souhaite préserver. À chaque instant, je m’efforce de grandir et de me
réaliser dans l’équilibre et l’harmonie.
Le
monde a besoin des rêveurs pour construire un avenir où chacun a sa place.
Chaque petit geste compte !
J’ignore s’il vous est déjà arrivé dans votre vie d’avoir un jour une phrase qui s’impose à vous. Une phrase venue de nulle part, et qui se répète en boucle sans qu’on sache pourquoi. Je dirais que cet assemblage de mots provient en fait de quelque part dans le ciel. Cela peut sembler bien ésotérique, mais c’est un peu ma croyance. Et pour ma part, j’ai déjà fait une telle expérience. Je ne me souviens pas du contexte. J’étais adolescente, je crois. Et cette phrase est tombée du ciel pour se déposer dans ma tête. Je ne l’ai pas comprise. « Je suis la source des choses qui te sont nécessaires ». Elle revient parfois me visiter, comme une vieille amie dont je ne me rappellerais jamais le nom. Et ce matin, en ouvrant le livre d’Eckhart Tolle, Le pouvoir du moment présent, elle est revenue se déposer dans mon esprit. Ce n’est pas un hasard. Je n’ai jamais vraiment cru à ce que l’on nomme hasard.
En
réalité, je suis venue étudier le shiatsu par instinct, davantage que par
réflexion. Une force me poussait à choisir cette voie pour pouvoir, comme
j’avais besoin de le faire, accompagner les gens qui luttaient pour leur santé.
C’est une approche par le toucher, qui me semblait indispensable. Lorsque j’ai
fait du bénévolat en soins palliatifs, à l’hôpital de Maisonneuve de Montréal,
j’avais alors décidé de devenir infirmière, tout en estimant que je ne pourrais
y arriver que si je n’avais pas une peur panique de la mort. Il me fallait
savoir si la mort, je pouvais l’affronter avec le malade. Accompagner ce
dernier signifiait en effet pour moi aller au bout de ce qui l’attendait, en
restant à ses côtés sans peur. Et je me souviendrai toujours de ce moment
incroyable où je me suis posée à côté d’une femme qui devait mourir quelques
heures plus tard. Spontanément, j’ai glissé ma main dans la sienne. Elle était allongée,
les yeux fermés, sans plus de force pour les ouvrir ou pour communiquer. Et
moi, debout près d’elle, lui tenant la main comme si c’était alors la chose la
plus importante au monde. Après un long moment en silence, j’ai voulu partir,
lâcher sa main. Elle m’a demandé de rester. Pas par la voix, elle n’en avait
plus l’énergie. Mais elle m’a supplié du bout de ses doigts amaigris par la
maladie. Une supplique silencieuse qui m’a fait rester un peu plus longtemps.
Pour simplement être présente à ses côtés à ce moment là. J’en ai gardé la
conviction que quelque chose se joue par le toucher, qui dépasse de loin les
frontières du physique. Que le simple fait de toucher une personne permet
d’accéder à une part invisible d’elle. Dès lors, devenue infirmière en
réanimation, j’avais pris cette habitude de garder dans ma main celle de mon
patient lorsqu’il devait subir une intervention douloureuse, pour l’encourager.
C’était mon moyen de l’accompagner dans la souffrance. Les patients comateux,
je leur parlais, et je les touchais pour qu’ils sachent que, même du fond de
cette inconscience éloignée de tout, j’étais là.
Si
bien que lorsque le shiatsu m’a tendu les bras, je m’y suis lovée avec la
conscience que je rentrais à la maison. C’était logique, évident, imparable. De
fait, en 2017, je venais d’apprendre vaguement en quoi consistait cette
discipline. Mais mon idée était faite : ce serait le shiatsu, rien
d’autre. Et au fil de mon apprentissage, je réalise combien cette approche est
riche d’un enseignement qui semble encore totalement abscond. C’est en effet
une mise en lumière de ces forces invisibles qui se jouent dans chaque contact
à travers les champs magnétiques, les liens spirituels avec la terre. Cela peut
vite ressembler à des théories un peu folles mais lorsqu’on en fait
l’expérience, la vie prend un autre éclairage. Je ne cherche à convaincre
personne. Je sais seulement que mon intention, lorsque je cherche à soulager
quelqu’un d’une douleur, joue un rôle aussi important que la façon dont je pose
mes mains sur lui. De la même façon, entrer dans le champ énergétique d’une
personne mal intentionnée me donne aujourd’hui des sensations physiques très frappantes.
C’est une chose dont, pendant longtemps, je n’ai pas su me protéger, faute
d’arriver à décrypter ces signaux. A présent, je fuis ces personnes et
dernièrement, alors que je faisais des shiatsus à la Foire de Sainté, j’ai
ainsi réalisé un shiatsu en 5 minutes à une personne chez qui je sentais des
énergies malsaines, pour pouvoir écourter au maximum ce contact. Un jour
peut-être, je serai même capable de dire non !
Je
constate aussi le pouvoir du mental sur l’expérience. D’anticiper négativement
ou positivement un événement va influer sur l’expérience qu’on en aura, et même
sur son déroulement. C’est la raison pour laquelle j’ai souvent invité mes
enfants, lorsqu’ils appréhendaient un moment à venir, à imaginer le
« scénario idéal », afin d’aligner des énergies dans un sens positif.
Une partie du monde visible nous échappe. Quelle est cette force mystérieuse
qui m’a soufflé un jour « Je suis la source des choses qui te sont
nécessaires ? ». Je l’ignore, mais je commence à comprendre d’où elle
vient. Je sais que des choses inexpliquées interviennent parfois. Une histoire
émouvante m’est arrivée, que je raconterai un autre jour, auprès d’une amie
dans le coma. Nos paroles, nos pensées ont le pouvoir de transformer le monde.
Il n’y a qu’à voir les effets d’une Greta Thornberg sur toute une génération,
sur les dirigeants du monde. Elle se fait l’écho d’une vision du monde, d’une
volonté de changement qui résonne chez beaucoup d’entre nous. Les mots ont de
l’importance. L’énergie que l’on utilise ou que l’on dépense aussi. Il est
crucial de le réaliser aujourd’hui, pour pouvoir enfin prendre la mesure de
notre pouvoir sur le monde. Il est temps d’utiliser cela pour le changer et en
faire un endroit où chacun aura sa place. Je vous laisse, il faut que j’aille
travailler 😉
Je suis le blog d’Elena Miller depuis la publication d’un article déchirant qu’elle avait écrit après l’annonce de son cancer (https://zenpsychiatry.com/love-is/). Cette femme dans la vingtaine a été diagnostiquée il y a quelques années d’un cancer très agressif qui a interrompu brutalement sa vie de jeune interne. Elle a subi un traitement épuisant et est actuellement en rémission. Pour autant, comme tant de personnes atteintes par cette maladie, elle a ensuite dû faire face à la fatigue écrasante qui englue le quotidien des malades qui ont survécu à un cancer. Elle qui était extrêmement active auparavant a dû apprendre à restreindre la plupart de ses activités pour simplement parvenir à gérer un quotidien où elle ne faisait que survivre. Elle a alors pris le problème à bras le corps pour inventer une méthode afin de sortir de ce cycle infernal d’épuisement post cancer. J’ai trouvé son article passionnant, sachant qu’en tant que médecin, elle a bien documenté ses recherches et a expérimenté elle-même ce qu’elle conseille. J’ai donc décidé de traduire son article: il est long, mais très complet. Je lui ai demandé l’autorisation de publier cette traduction, et elle m’a donné son accord. Voici donc en français la méthode qu’Elena Miller propose pour rompre le cercle vicieux de la fatigue pour les personnes qui ont survécu à un cancer. Je vous prie par avance de pardonner les maladresses éventuelles de la traduction, j’ai fait de mon mieux pour être fidèle à son propos tout en restant compréhensible. N’hésitez pas à partager cet article si vous pensez que des personnes de votre entourage pourraient y trouver des éléments à reprendre pour elles-mêmes. Bonne lecture ! Fanny
Si vous avez fait l’expérience de la fatigue après un traitement pour soigner un cancer, je parie que vous feriez n’importe quoi pour vivre cela le jour qui suit:
C’est le matin, votre réveil s’éteint. Vous ouvrez les yeux. Vous êtes un peu fatigué, mais c’est une fatigue « normale » et vous êtes prêt à faire face à la journée. Vous vous habillez, prenez une douche, vous vous faites un petit déjeuner sans y penser, et vous partez pour votre travail. Vous recevez le message d’un ami vous invitant à un concert pour le weekend qui suit et vous pensez « Ça va être sympa ! ». Vous répondez que vous viendrez.
Après le travail, vous filez à la gym et vous suivez un entraînement. Vous arrivez à la maison, satisfait d’avoir eu une journée productive, d’avoir gagné un peu d’argent et de vous être senti comme un être humain globalement normal, sociable. Bien sûr, vous avez eu votre lot de petits soucis, comme le stress d’une échéance au travail, et l’embouteillage dans lequel vous avez été coincé sur le trajet du retour, mais vous vous sentez heureux de pouvoir expérimenter des problèmes « ordinaires » plutôt que ceux qui bousculent tout autour d’eux.
Pourtant, si le titre de cet article vous interpelle, il est probable que votre situation ressemble davantage à cela :
Vous êtes un jeune adulte dans la vingtaine, la trentaine ou la quarantaine, et vous étiez dans une autre vie une personne très performante. Et puis un jour, vous avez un cancer. Vous parvenez à surmonter la douleur émotionnelle reliée au diagnostic, et la douleur physique due au traitement, mais vous restez bloqué dans un autre type de douleur : la torture lente, insidieuse, due au fait de vouloir revenir à votre vie d’avant, sans avoir l’énergie pour le faire.
Vos RV avec le médecin se sont espacés parce que, bon, vous êtes en rémission, et votre traitement a pris fin. Vous paraissez même « bien », personne parmi ceux qui vous voient ne pourrait deviner que quelque chose ne tourne pas rond, sous la surface. Vous ne vous sentez pas « bien », pourtant. Pas du tout. Même des activités de base comme cuisiner, prendre une douche, faire le ménage vous inspirent un sentiment de panique parce que vous n’avez aucune énergie pour les faire.
Voici les composantes du problème : vous avez désespérément envie de revenir à votre travail, à l’école (parce que vous avez besoin de sens et d’objectifs dans cette vie que vous avez tant lutté à préserver) mais vous êtes simplement incapable de faire les choses les plus basiques. Vous êtes stressé au sujet de l’argent. Vous êtes fatigué de redouter ces moments où vous recevez une invitation (« Oh mon Dieu, comment vais-je avoir de l’énergie pour ça, mes amis vont finir par se lasser de m’entendre dire « non » à tout, tout le temps »). Pendant ce temps, vous voyez vos amis, collègues et proches poursuivre leur vie, tandis que vous stagnez complètement. Et si vous avez à regarder une fois de plus un voyage sur Instagram pour apprendre combien Bali est magnifique à cette époque de l’année, vous pourriez aussi bien vous tirer une balle !
Voici le genre de choses que les gens disent sur leur fatigue après un cancer :
« Ça vous frappe comme un mur de pierre une fois que votre corps essaie de se remettre, une fois que toutes les tâches ménagères, les demandes familiales et les objectifs pour le travail ont été gérés. Vos os sont douloureux, votre tête est lourde, et votre dos se languit de ce doux lit dans lequel vous pouvez vous rouler en boule le plus longtemps possible. »
« La fatigue n’est pas quelque chose que vous pouvez mettre au placard – loin de la vue et des pensées. Elle s’impose généralement, vous accablant malgré tout le « repos » que vous donnez à votre corps. Avec la fatigue, on est obligé de s’allonger une fois le matin et une fois l’après-midi, pour avoir simplement assez de réserve d’énergie pour plus tard. »
« Préparer mon propre repas était épuisant – j’avais besoin d’une sieste d’une heure ou de me reposer avant de me mettre à cuisiner le repas. C’est une fatigue différente de la fatigue habituelle qui ne dure généralement pas. J’étais trop fatigué pour même seulement dormir. Je faisais des nuits blanches, ce qui me laissait encore plus fatigué le jour suivant. »
« Les gens me disent tout le temps : « tu as l’air bien » et « tu n’as pas l’air malade ». Mais les gens me voyaient dans mes bons jours. D’une certaine manière, quand je vois des gens, je me sens heureux et j’imagine que cela se voit, et que cela masque la fatigue. »
« Il y a des jours où je me bats vraiment. Parfois, j’ai l’impression d’être un plongeur en eaux profondes portant une ceinture de plomb. Alors que j’essaie de traverser le fond de l’océan, j’ai besoin du moindre gramme d’énergie pour simplement bouger un pied. »
Le type de fatigue qui vous assomme après un traitement pour le cancer est très loin de ce qu’un être humain typique pourra jamais expérimenter. Ce n’est pas « Oh, j’ai couru un marathon hier, et je suis un peu fatigué », ou « Je suis resté éveillé tard la nuit dernière et je suis bon pour une sieste ». C’est la sensation glaçante de ne pas avoir assez d’énergie pour effectuer les fonctions de base comme de fixer quelque chose avec les yeux, digérer de la nourriture, avoir un cœur qui bat normalement ou respirer.
C’était ce que je vivais il y a 1 an et demi. C’était particulièrement douloureux, par opposition à ce que j’avais l’habitude de faire avant mon cancer, quand j’étais une personne très performante. J’étais réputée pour être une personne qui avait toujours un projet en cours (écrire, projets de business…), en plus des exigences liées à mon statut d’interne en médecine. J’étais aussi sportive. Je jouais dans une équipe de water polo et je me tenais en forme avec la natation, le surf, le snowboard…
Début 2017, j’étais à ce stade que beaucoup de survivants du cancer connaissent. Je venais de finir 6 mois plus tôt les traitements, et je croyais que je n’avais plus d’excuse pour me sentir si mal. J’avais beaucoup de douleurs chroniques. C’était la fin de ma pension d’invalidité parce que je n’étais plus en traitement. Mes économies fondaient et je n’arrivais pas à voir comment aller mieux et revenir à une vie normale pour travailler et subvenir à mes besoins (sans parler de faire des tâches simples comme cuisiner et faire mes activités). Je me demandai sérieusement si j’étais juste « paresseuse » à ce moment là, et s’il allait falloir accepter cela pour le restant de mes jours.
A ce moment-là, je trouvais cela très déprimant, mais je pensais aussi qu’il devait y avoir un autre moyen. Si bien que je me suis attaquée à ce problème comme j’ai toujours eu l’habitude de le faire dans ma vie : par à une recherche obsessive et beaucoup de planification. Si bien que, alors que je luttais pour me représenter ce problème d’énergie post cancer, et que j’ai réalisé que la plupart des informations disponibles en ligne n’étaient pas spécifiques et ne servaient à rien (« faites attention à faire de l’exercice, prenez du repos, parlez à votre médecin… »), j’ai alors brandi mon petit carnet de moleskine et mes stylos en couleur, et j’ai commencé à aborder ce problème de façon méthodique. J’ai lu une douzaine de livres et des centaines d’articles et j’ai créé un petit programme pour moi-même. Après 3 mois, je me sentais assez bien pour commencer à travailler à temps partiel.
Voici comme je m’y suis prise…
Quand vous avez une fatigue après un cancer, cela peut sembler sans espoir. Mais je vous le déclare: ce n’est pas vrai. Seulement aller mieux demande un petit changement de mentalité. Il n’y a pas de formule magique, et cela vous demandera un gros travail. Cela demandera également beaucoup de patience, et du temps. Si vous suivez les principes qui suivent et que j’ai élaborés pour vous, vous n’irez pas mieux après une semaine, mais vous vous sentirez probablement mieux dans un mois, beaucoup mieux après 3 mois, et peut-être totalement mieux dans un an.
Je sais qu’une année, cela peut paraître long, mais c’est plus court que jamais. Vous êtes déjà passé par le pire. Commencez dès maintenant à faire des démarches pour aller mieux maintenant, et avec le temps, ces petites améliorations vont s’accumuler.
ETAPE 1 POSEZ LES BASES
J’ai appris beaucoup sur la fatigue après un traitement contre le cancer en lisant sur ce que je considère comme un schéma de symptômes très similaires au syndrome de fatigue chronique et à la fibromyalgie. J’ai lu un certain nombre de livres sur le sujet, et un de ceux-là m’a beaucoup aidée (je l’ai référencé dans un prédécent article : From Fatigued to fantastic, par Jacob Teitelbaum). Dans son livre, Jacob Teitelbaum explique très bien la biologie associée à la fatigue chronique et la fibromyalgie. En gros, ces 2 syndromes ne sont pas des maladies en soi, mais ont pour origine un certain nombre de problèmes courants, par exemple : certaines infections virales, un trauma physique ou un accident, une maladie. Quand votre corps est submergé par un problème qu’il ne peut gérer, il utilise un mécanisme de protection en s’éteignant, de la même façon que vous pouvez allumer toutes les lumières dans votre maison, et lorsque vous utilisez en même temps le sèche-cheveux et l’aspirateur, les plombs vont sauter. Vous n’avez pas à proprement parler « abîm » le système électrique dans votre maison, mais les fusibles ont sauté pour le protéger. La même chose se passe pour votre corps. Votre corps n’est pas vraiment brisé ou abîmé, mais vos plombs ont sauté et votre corps s’est éteint pour se protéger. Le problème, c’est que longtemps après que les dommages physiques ont été résolus (dans ce cas précis la chimiothérapie, la radiothérapie ou d’autres traitements contre le cancer), votre fusible est toujours grillé pour protéger votre corps.
J’ai pris la supplémentation recommandée par le Dr Teitelbaum dans son livre :
Ribose : 5g 3 fois par jour. Le ribose est un sucre qui est à la base de la production d’ATP, la molécule énergétique de notre corps.
De la poudre de multivitamines : 1 cuillerée par jour
Un petit mot sur les médicaments prescrits contre la fatigue :
Les médicaments prescrits contre la fatigue, en particulier les stimulants comme Modafinil, Adderall et le Ritalin, peuvent être extrêmement utiles contre la fatigue. J’ai réussi mes examens pour devenir Docteure en psychiatrie l’an dernier grâce à ces stimulants. Je n’aurais sans cela jamais réussi à passer un test de 8 heures, plus l’heure de conduite pour y aller et en revenir, sans cette aide.
Cependant, les stimulants vous donnent une énergie qu’ils vous « empruntent » et qu’il va falloir rendre, de la même façon que le café vous emprunte de l’énergie (et peuvent vous donner un regain de pêche sur le moment, mais vous aurez besoin de plus en plus de doses pour avoir le même effet). Vous devriez aussi compter sur les stimulants en vente libre et des suppléments comme la tyrosine dans cette catégorie. Les stimulants ne changeront pourtant pas le problème sous-jacent.
C’est pourquoi je recommande l’utilisation des stimulants pour la fatigue ponctuellement selon les besoins (par exemple, si vous avez un RV avec le médecin auquel vous devez absolument vous rendre, ou vous devez arriver à passer au travers de votre journée de travail, ou encore si vous avez un événement social que vous ne pouvez manquer) plutôt que de vous reposer sur ces stimulants au lieu des stratégies que je décris plus bas. En général, si vous sentez fatigué à ce point, cela signifie sans doute que vous avez besoin de vous reposer.
ETAPE 2 RETROUVER UNE BONNE ROUTINE DE SOMMEIL
Vous avez besoin de dormir, et probablement beaucoup plus qu’une personne ordinaire. Voilà bientôt 2 ans que je ne suis plus de traitement et je dors encore un nombre d’heures démesuré. Si je participe à un moment convivial qui requiert que je doive sortir de la maison après 21 heures, je commence à être un peu paniquée. Quand je dis aux gens à quelle heure je vais me coucher, ils me disent parfois : « Tu dois vraiment te lever tôt le matin ! ». Eh bien non. Ce n’est pas ce qui arrive.
Alors acceptez simplement le fait que vous aurez besoin d’une tonne de sommeil. Lorsque je suivais mon traitement, j’étais généralement éveillée seulement 8 heures par jour. Oui, cela signifie que je dormais 16 heures par jour, généralement en rampant de mon lit vers midi et ensuite comptant les heures où j’allais pouvoir dormir de nouveau vers 20h pour me sortir de la misère où je me trouvais. Je dors probablement 8 à 9h par nuit aujourd’hui, mais je me mets toujours au lit une ou deux heures avant pour pouvoir me reposer et lire au lit. Si j’ai moins que ces heures de sommeil, cela finit par me rattraper et je me commence à me sentir mal.
Donc vous avez besoin de dormir, et vous avez probablement besoin de dormir plus d’heures que la personne moyenne. C’est pourquoi vous avez absolument besoin de préserver votre temps de repos et de suivre une bonne hygiène de sommeil. Cela comprend les éléments suivants:
Suivez une routine de sommeil régulière : aller à l’heure toujours vers la même heure et vous lever à peu près au même moment chaque jour
Pas d’écran (TV, téléphone, tablette, etc.) une heure avant le coucher – à cause de la lumière bleue émise par les écrans et qui envoie à votre corps le message que c’est la journée, supprimant la libération habituelle de mélatonine (hormone impliquée pour l’endormissement, NDLT) par le cerveau
Gardez votre chambre fraîche et sombre – utiliser des rideaux occultants si nécessaire, car toute lumière peut interférer avec un sommeil réparateur
Utilisez votre lit uniquement pour dormir, et non pour d’autres choses comme regarder la TV ou travailler. Tout au plus, vous pouvez lire un roman reposant, mais rien de stressant ou de stimulant
Si vous ne pouvez vous endormir après un temps raisonnable (environ 30mn), sortez du lit et attendez d’être de nouveau fatigué avant d’y retourner (rappelez-vous : vous voulez associer le lit avec la relaxation et le sommeil, plutôt que vous sentir stressé de ne pas arriver à dormir).
Maintenant, les mesures d’hygiène du sommeil ci-dessus sont les droits d’entrée, mais elles ne sont souvent pas suffisantes. Pour certaines raisons, la fatigue liée au cancer est aussi associée à une frustrante incapacité à avoir des nuits de sommeil reposantes. Si vous avez été dans cette situation, vous savez ce que je veux dire – qu’il y a une différence entre se sentir « exténué » et « fatigué ». Vous êtes toujours exténué, mais jamais fatigué… Chaque jour épuisant, monotone, se fond dans une nuit monotone. Si c’est le cas, envisagez d’en parler à votre oncologue, ou votre médecin traitant, pour avoir un somnifère. Les médicaments peuvent être utiles pour vous assurer suffisamment de sommeil pour que votre corps puisse récupérer la nuit, parce qu’un mauvais sommeil aura pour effet d’exacerber la douleur et la fatigue.
Donc, à présent, vous avez les éléments de base :
Prendre du ribose 5g, 3 fois par jour
Prendre quotidiennement une poudre de multivitamines de qualité
Avoir un nombre suffisant d’heures de sommeil (probablement plus de 9-10h) par jour, grâce à des prescriptions ou des médicaments en vente libre au besoin.
A présent, voici ma partie préférée…
ETAPE 3 LE SYSTÈME DE POINTS D’ÉNERGIE D’ELENA MILLER
J’ai reçu beaucoup de questions en réponse à mon dernier article sur la référence aux points d’énergie que j’ai utilisé pour moi-même – nous l’appellerons le système de points d’énergie d’Elena Miller. C’est basé sur un concept que j’ai appris à travers ma recherche et que j’ai appelé « entraînement ».
Le concept est le suivant : lorsque vous avez une fatigue liée au cancer, beaucoup de gens vont (inutilement) vous suggérer de sortir du lit et d’en faire davantage… Mais le problème se situe à l’opposé : le problème, c’est que vous en faites trop. Les personnes qui ont une fatigue liée au cancer, particulièrement celles qui sont habituellement très performantes, se font prendre dans un schéma prévisible. Vous vous imposez les mêmes règles que vous aviez avant d’avoir le cancer. Vous en faites trop pendant un jour ou deux, ensuite vous êtes épuisé, vous tombez malade, passez une semaine au lit… Le cycle se poursuit et votre niveau d’énergie devient totalement imprédictible, vous empêchant de planifier l’avenir. Serez-vous capable d’aller à l’anniversaire de votre ami le WE prochain ? Ou d’aller travailler demain ? Ou de partir pour ces vacances planifiées un mois plus tard ? Vous n’en avez aucune idée, ce qui est frustrant et handicapant.
Par dessus le marché, les gens qui n’ont aucune idée de ce dont ils parlent vont inutilement vous suggérer : « peut-être que tu devrais faire plus de sport ». Oh, vraiment ? Merci pour cette suggestion évidente qui ne m’a jamais effleurée, parce que ce n’est pas comme si je n’y pensais pas à chaque seconde éveillée de ma journée. Oui, vous savez que vous êtes supposé « faire de l’exercice » mais comment êtes-vous supposé le faire quand le seul fait de préparer le petit déjeuner est tellement épuisant que vous avez besoin d’une sieste ensuite ?
La réponse est la suivante : la clé pour sortir de ce cycle est d’en faire MOINS, mais de le faire CHAQUE JOUR.
C’est tellement important que cela vaut la peine de le répéter : vous en faites MOINS, mais vous le faites CHAQUE JOUR.
Ensuite, vous allez sauver un peu d’énergie chaque jour pour faire du sport (juste quelques minutes au début), et ensuite vous augmenterez doucement la quantité d’exercice que vous ferez au fil des semaines et des mois. Et vous ne faites pas cela au hasard : vous le faites grâce à une planification fastidieuse. D’où le système de points énergie d’Elena Miller.
Le principe est le suivant : Un point est assigné à chaque heure d’éveil chaque jour, en lien avec la quantité d’énergie à dépenser pendant cette heure. Il n’y a que 4 niveaux de points. Les voici :
0 points : dormir ou rester au lit les yeux fermés
1 point : lire ou regarder la TV, ou d’autres activités sans réflexion, comme de rester allongé
2 points : être assis ou debout et faire une activité plus impliquante, comme d’envoyer des emails, cuisiner, nettoyer, prendre une douche, manger, etc.
3 points : n’importe quoi en dehors de la maison (littéralement n’importe quoi : travailler, faire des courses, faire de l’exercice, conduire, être assis sur le siège passager quand quelqu’un d’autre conduit), et n’importe quoi impliquant une interaction avec une autre personne (parler au téléphone, ou quelqu’un venant vous rendre visite à la maison, à moins que vous ne soyez parfaitement à l’aise avec cette personne, comme avec votre conjoint).
Il y a 2 choses réellement importantes au sujet de ce système et qui vont probablement vous demander un changement de mentalité :
1 – Si vos yeux sont ouverts, VOUS ÊTES EN TRAIN D’UTILISER VOS POINTS D’ÉNERGIE. Regarder la TV ou votre téléphone, lire un livre utilise des points d’énergie. LA SEULE CHOSE QUI NE CONSOMME PAS DE POINTS D’ÉNERGIE EST DE RESTER AU LIT LES YEUX FERMES OU DORMIR.
2 – Echanger avec des gens, notamment parler au téléphone, et N’IMPORTE QUELLE ACTIVITÉ en dehors de la maison, incluant les activités les plus sociales comme de rester assis sur le siège passager dans une voiture – sans parler des choses telles que travailler ou faire du sport – utilise LE NIVEAU MAXIMUM de points d’énergie. Pour une personne en bonne santé, il y a une différence entre être debout et courir, ou entre se présenter à une réunion de travail et se réfugier dans son bureau. Mais pour vous, tout ce qui se situe en dehors de votre zone de confort utilise un montant d’énergie énorme. Même regarder des lumières vives utilise de l’énergie !
Alors à partir d’aujourd’hui, pour les 2 prochaines semaines, votre travail sera de noter quelles activités vous faites à chaque heure de la journée, et combien de points d’énergie cela requiert. Si vous passez la moitié d’une heure sur un niveau d’activité, et une autre moitié sur un niveau différent, faites une moyenne. Un jour de semaine pourrait ressembler à quelque chose comme cela, si vous travaillez :
6h : dormir – 0 points
7h : se lever, se brosser les dents/prendre une douche, faire et manger le petit déjeuner – 2 points
8h lire les nouvelles – 1 point
9h aller au travail en voiture – 3 points
10h travail – 3 points
11h travail – 3 points
12h travail – 3 points
13h travail – 3 points
14h épuisé, vous quittez le travail plus tôt que prévu et retourner à la maison en voiture – 3 points
15h regarder la TV au lit – 1 point
16h regarder la TV au lit – 1 point
17h regarder la TV au lit – 1 point
18h préparer le repas et manger – 2 points
19h regarder la TV au lit – 1 point
20h regarder la TV au lit – 1 point
21h dormir – 0 points
Total des points : 28
Un week-end pourrait ressembler à cela :
6h dormir – 0 points
7h dormir – 0 points
8h dormir – 0 points
9h dormir – 0 point
10h se lever, manger un bol de céréales, à moitié endormi – 2 points
11h regarder la TV au lit – 1 point
12h regarder la TV au lit – 1 point
13h regarder la TV au lit – 1 point
14h regarder la TV au lit – 1 point
15h téléphoner à des amis – 3 points
16h regarder la TV au lit – 1 point
17h regarder la TV au lit – 1 point
18h faire le repas et manger – 2 points
19h regarder la TV au lit – 1 point
20h regarder la TV au lit – 1 point
21h dormir – 0 point
Total des points : 15
Voyez-vous ce que je veux dire sur ce schéma que j’évoquais au début ? Vous travaillez trop un jour, et vous passez le jour suivant à récupérer, etc.
Une fois que vous avez collecté des informations sur quelques semaines, votre prochaine tâche consiste à tout passer en revue pour évaluer votre moyenne quotidienne – le nombre maximum de points d’énergie que vous pouvez dépenser sur une base quotidienne sans avoir de chute d’énergie. Cela vous demandera un peu de pratique. Votre maximum quotidien correspond à ce que vous pouvez dépenser sans vous sentir plus mal le lendemain.
Donc vous avez désormais votre nombre ; pour l’exemple, disons qu’il se situe à 20. Maintenant, au début de la semaine (je le faisais les dimanches), vous planifiez au crayon de papier chaque heure d’éveil en utilisant tous ces points, et pas plus.
Je ne peux insister trop là-dessus : vous ne pouvez jamais utiliser plus que le nombre de points alloués ! C’est comme pour l’argent : vous ne pouvez pas dépenser ce qui n’est pas sur votre compte en banque (hormis avec la carte de crédit). Imaginez au début de la journée qu’on vous donne 20 euros, et vous devez choisir comment vous les dépensez ; et une fois que vous avez tout dépensé, c’est fini. Donc si vous savez que vous avez besoin de faire le plein de fuel pour l’après-midi, vous feriez mieux de ne pas dépenser votre argent en achetant des toasts aux avocats à 18 euros le matin même. La même chose vaut pour vos points d’énergie : s’il y a quelque chose que vous DEVEZ faire, vous avez besoin d’économiser vos points d’énergie pour cela et ne pas le dépenser à l’avance.
Si vous notez votre emploi du temps au crayon pour la semaine, vous devez remplir d’abord les choses que vous DEVEZ faire – des choses comme manger, prendre une douche, faire des courses, aller au travail, prendre soin des enfants, le cas échéant.
Mais, vous me direz, que dois-je faire si j’ai trop de choses à faire par rapport au nombre de points alloués ?
La réponse est la suivante : si vous n’avez pas les points d’énergie, vous ne pouvez pas les dépenser !
Et qu’arrive-t-il si vous avez travaillé toute la journée, que vous rentrez à la maison, et que vos enfants ont besoin de dîner ? JE N’EN AI RIEN À FAIRE : LAISSEZ LES MOURIR DE FAIM… VOUS N’AVEZ PAS LES POINTS ! (je plaisante, mais sérieusement : est-ce que votre conjoint, vos amis ou vos parents ne pourraient pas s’occuper des enfants cette fois-ci ?). Il faut comprendre ici que vous devrez sacrifier des choses qui semblent importantes, voire nécessaires à vos yeux, à court terme, pour pouvoir atteindre votre objectif à long terme. Cela peut signifier de se faire déclarer en invalidité partielle ou totale dans le cadre de votre travail, ou de recevoir une aide financière des autres pour réduire vos heures, ou de couper dans les dépenses, déménager chez vos parents, ou dépendre de votre conjoint pour faire la plus grosse partie du travail à la maison, ou de faire sauter les activités sociales. Cela n’est pas facile, mais c’est important si vous voulez aller mieux dans les 3 à 6 mois qui viennent.
ETAPE 4 INTÉGRER LE SPORT
Ainsi vous avez mis en valeur toutes les choses nécessaire à côté desquelles vous ne pouvez pas passer, et votre prochaine étape sera de faire une place pour le sport. Le sport est en fait la clé de voûte qui tient tout le système. Pourtant, contrairement à ce que vous avez pu essayer par le passé et qui n’a pas fonctionné, cette fois vous débuterez très petit. Rappelez-vous notre refrain : vous faites MOINS, mais vous le faites CHAQUE JOUR. Chaque jour, cela signifie au moins 5 jours par semaine. Vous commencez très petit – quelle que soit l’activité, pourvu que vous ne vous sentiez pas plus mal le jour suivant.
Dans mon cas, j’ai commencé à lever des poids légers avec l’aide d’un entraîneur personnel, ce que j’ai aimé parce que je sentais que cela m’aidait à renforcer mon endurance et contrait l’atrophie musculaire que je subissais depuis les dernières années. Quand j’ai été en meilleure forme, j’ai ajouté la marche sur un tapis roulant et des exercices pour monter/descendre des marches d’escalier.
En gros, vous voulez faire autant de sport que vous le pouvez sans dépasser votre nombre maximum de points d’énergie, et augmenter ce nombre régulièrement au fil des semaines, d’environ 10% à chaque fois. Donc si vous débuter avec 10 minutes d’exercice par jour, le jour suivant, vous ferez 11 mn. Oui, je suis sérieuse ! Ensuite 12mn, 13mn, puis 14, jusqu’à ce que vous puissiez faire 20, montiez jusqu’à 22mn puis 24mn…
Vous aurez probablement besoin d’un genre de suivi ou d’un moniteur de fréquence cardiaque pour faire cela précisément. J’utilisais un moniteur de fréquence cardiaque appelé MyZone, mais si vous avez Fitbit, une montre Apple ou un équivalent, cela fait très bien l’affaire aussi. J’aimais bien MyZone parce que cela me donnait un nombre de points pour mesurer facilement l’énergie que je dépensais (ce n’était pas identique à mon système de points mais cela me permettait d’avoir une mesure objective et rapide de la quantité d’effort que je fournissais). Je pouvais ainsi facilement respecter mes limites, mais aussi décider de combien augmenter mon niveau d’activité pour la semaine à venir. Si vous marcher, vous pouvez utiliser un iPhone ou Fitbit pour savoir combien de pas vous faites, et ensuite augmenter ce nombre de 10% par semaine.
Cette démarche peut être douloureuse sur un plan émotionnel pour une personne qui était très performante par le passé ou pour des athlètes, parce que vous étiez probablement habitué à faire pas mal plus de 10 minutes d’exercice par jour. Mais faites-moi confiance, il est bien mieux d’augmenter progressivement votre niveau d’effort plutôt que de rester pris dans un cycle où vous en faites trop et vous vous effondrez.
Jusque là, vous avez donc rempli votre emploi du temps avec le strict minimum de choses que vous aviez besoin de faire, et vous avez ajouté votre exercice quotidien. A présent, lorsque vous allez finaliser le restant de votre emploi du temps, ajoutez tout ce que vous voulez faire avec le restant des points dont vous disposez (faire des choses sympas, socialiser, regarder la TV…). Eliminez les activités qui ne sont pas essentielles si vous n’avez plus de points pour elles. Beaucoup d’activités méritent probablement d’être éliminées.
Vous avez également besoin de remplir stratégiquement votre journée avec des périodes de repos. Si vous savez que vous allez avoir une journée occupée, programmez des blocs de temps (au moins 20 mn, et jusqu’à une heure) pour rester allongé avec les yeux fermés (rappelez-vous que c’est la seule activité qui n’utilise pas de points d’énergie). De petits repos comme celui-là vous permettent de recharger vos batteries.
Voici à quoi votre emploi du temps pourrait ressembler :
6h dormir – 0 points
7h dormir – 0 points
8h : se lever, se brosser les dents, faire et manger le petit-déjeuner – 2 points
9h faire de l’exercice – 3 points (même si vous faites du sport pendant quelques minutes, comptez toute l’heure comme de l’exercice)
10h prendre une douche, s’habiller – 2 points
11h se reposer les yeux fermés – 0 points
12h préparer le déjeuner et manger – 2 points
13h relaxer, surfer sur les réseaux sociaux – 1 point
14h envoyer des courriels, envoyer des candidatures – 2 points
15h envoyer des courriels, envoyer des candidatures – 2 points
16h se reposer les yeux fermés – 0 points
17h tâches ménagères – 2 points
18h préparer le repas et manger – 2 points
19h regarder la TV – 1 point
20h regarder la TV – 1 point
21h dormir – 0 points
Total des points : 20
Un autre point clé du programme : ne faites pas plus que le nombre de points alloués… mais n’en faites pas moins non plus. Vous devez utiliser tous vos points d’énergie – si vous ne les utilisez pas, vous les perdez. Si vous avez eu une journée de paresse et avez quelques points en trop, levez-vous et faites un peu d’exercice. Vous devez sortir du cycle d’en faire trop, vous effondrer, et ensuite de passer la journée suivante à récupérer.
ETAPE 5 GRADUELLEMENT AUGMENTER VOTRE NOMBRE DE POINTS D’ÉNERGIE
A présent, voyons ce qui constitue votre but ultime : augmenter votre nombre de points d’énergie disponible à un niveau qui vous permette de fonctionner et de faire les choses que vous voulez réaliser. Imaginez un monde où vous pouvez travailler à un poste à temps partiel ou à temps plein, sortir voir des amis, profiter de moments avec votre famille, et gérer les contraintes quotidiennes sans que cela vous semble écrasant émotionnellement ou physiquement. Tout cela est possible.
Vous y arriverez si :
Vous augmentez votre niveau d’exercice de 10% toutes les 1-2 semaines
Vous vous en tenez à votre nombre de points d’énergie, mais en augmentant votre nombre total de points disponibles de 10% toutes les 1-2 semaines
Si pendant une semaine, j’avais 20 points d’énergie, la semaine suivante, je visais 22 points, ensuite 24 la semaine d’après. Une fois que j’ai réalisé que c’était atteignable pour moi, la capacité à planifier est devenue vraiment libératrice. Quand il y avait un événement auquel je voulais participer, tout ce que j’avais à faire était de le planifier dans mon emploi du temps, et de m’assurer que j’attribuais le nombre de points requis pour le faire. Ou si je devais programmer des RV avec des patients, je savais exactement combien de patients je pouvais voir tout en réservant assez de points pour faire mes tâches une fois rentrée à la maison. J’ai su exactement quand j’ai été prête à reprendre le travail à temps partiel, et ensuite à temps plein. Pour moi, entre les suppléments alimentaires, la dose suffisante de sommeil, le système des points d’énergie et de plus en plus de sport, j’ai été capable de reprendre un travail à temps partiel après 3 mois, et à temps plein au bout de 6 mois. Je ne suis pas en forme parfaite aujourd’hui, mais je suis capable de travailler presque à temps plein et de faire du vélo pour aller travailler (environ 16km par jour aller retour). Je peux me coucher à 21h, mais j’ai une existence heureuse et fonctionnelle…
J’ai récemment fait une découverte intéressante. En effet, j’ai réalisé il y a peu que notre famille abritait ce qu’il est convenu d’appeler un pervers narcissique. Un PN, pour les intimes. Ce trouble de la personnalité est défini dans le DSM IV, pour ceux qui connaissent cet ouvrage qui répertorie les maladies psychiatriques. Nous avons ainsi adopté Domino, dit « Domi », beau chat mâle, à notre arrivée en France. Je l’ai observé grandir, et développer ces caractéristiques que je vous décris ici, et qui résument bien les stratégies du PN.
Pour rappel, les 3 armes principales du PN tiennent dans ces mots : séduction, culpabilisation et victimisation. Le PN qui se respecte peut utiliser successivement ou de manière simultanée ces stratégies, mais l’objectif reste le même. Car le PN a pour but d’asseoir son autorité, son pouvoir sur l’autre. Pour cela, il est prêt à le manipuler, l’asservir et parfois même, dans les cas les plus graves, à provoquer sa destruction… Ce qui, dans le cas d’un chat, est d’une violence toute relative, je vous l’accorde…
Dans le cas de Domi, les comportements de séduction sont assez évidents. Il met le paquet pour obtenir ce qu’il recherche : ronronnements intempestifs, qu’il garde cependant discrets et exclusivement associés à l’attention qu’on peut lui porter. Il distribue ainsi au compte goutte ses marques d’affection, qui restent factices et étudiées. Car le PN n’aime personne, en dehors de lui-même (et encore, même pas toujours…).
Imperméable à l’empathie, il n’est pas capable de percevoir les sentiments d’autrui, ou alors s’il y arrive, c’est pour s’en servir contre celui qui les exprime. Ce qui amène notre bon vieux Domi séducteur à opérer dans l’ombre et sans la moindre trace de culpabilité, lorsqu’il s’agit de s’approcher à pas de velours de l’oiseau qu’il a choisi comme victime. Car il a beau être bien nourri chez nous, rien ne peut l’arracher à ces jeux sadiques qu’il aime mettre en œuvre contre les proies qu’il capture pour jouer avec… Il s’en approche donc, concentré, et au dernier moment, effectue le mouvement fatal où il pose la patte sur le pauvre volatile. S’ensuit le jeu pervers qui consiste pour lui à s’amuser de la souffrance du pauvre animal, jusqu’au funeste moment où il perdra patience et mettra à mort sa victime… Le plaisir étant alors sa seule motivation, il refusera de se repaître de la carcasse, qu’il laissera pourrir dans un coin du jardin, quand ce ne sera pas sous le lit d’un quelconque membre de la famille (en l’occurrence, Sacha le plus souvent).
Autre arme du PN, la culpabilisation, qui fonctionne en miroir avec le dernier outil de sa sanglante panoplie : la victimisation. Domi nous sert le jeu de la victime lorsqu’enfermé dehors, il nous implore avec des yeux de chat battu pour qu’on lui ouvre la fenêtre. Ce faisant, il nous fait passer pour des monstres sans cœur qui bafouent et ignorent les besoins d’un pauvre chat à qui nous devrions respect, amour éternel et caresses infinies ! Le PN agit ainsi, en torturant sa victime. Et lorsque celle-ci s’avise de réagir ou de se rebeller, elle se fait arroser d’une pluie de reproches. De victime, elle passe alors bourreau de son PN personnel. Celui-là même qui s’évertue à la rendre coupable de la situation, de ses malheurs et de sa gamelle vide !
Non content d’ignorer les signaux de souffrance de sa victime (car à ce moment là, Ben est en train de bosser et s’énerve de devoir faire les 4 volontés d’un félin, même frigorifié !), le PN de service rend l’autre responsable de la situation qu’il a pourtant créée lui-même, et aura tendance à se victimiser (« je suis un pauvre chat affamé, j’exige qu’on m’ouvre car je suis le plus beau chat du monde ! »). Il va même souvent se nourrir de la souffrance de celui qu’il manipule ou agresse, lui imposant la conviction de sa supériorité notoire sur les autres (il n’est pas narcissique pour rien). Toute tentative de rébellion est ainsi sévèrement réprimée, punie voire écrasée dans le sang et la violence, si subtile soit-elle (allusions désobligeantes, dénigrement… ce qui, dans le cas qui nous occupe, est assez limité vu que les chats ne parlent pas !). Le but étant bien sûr d’asseoir un peu plus la domination sans faille du chat pervers sur ses maîtres et son entourage. Il faut savoir également que la victime est généralement choisie pour sa joie de vivre, son entrain et toute la lumière qu’elle fait rayonner autour d’elle. Ces caractéristiques sont celles qu’envie le PN de service, et celles qu’il a besoin d’éteindre, d’exterminer afin de se sentir (de façon illusoire en fait) mieux.
Après avoir bien observé mon sujet d’étude (ainsi que d’autres formes moins poilues vivant dans mon entourage proche), j’en suis venue à m’interroger sur les moyens d’assurer sa survie en cas de rencontre ou de fréquentation d’un PN. Ma conclusion tient dans ces mots : « courage… fuyons ! ». Bon, je conviens aisément que la chose n’est pas toujours possible. Dans le cas de Domi, il nous suffit de le prendre par le collet pour le mettre dehors en cas de non respect des règles de vie qui ont cours à la maison. Mais pour les autres cas rencontrés, l’indifférence est également une arme fatale qui ne nécessite qu’un peu d’entraînement et s’avère bien vite très payante sur un plan énergétique, le PN s’excitant tout seul sur une victime qui n’est plus consentante et s’écarte de son jeu avec flegme. Se faire aider me semble indispensable quoi qu’il arrive, car les PN ont les moyens d’ébranler sérieusement les équilibres mentaux les plus solides…
Bon, je vous laisse, Domi réclame sa pâtée !
Et pour ceux que le sujet interesse, je vous laisse un lien vers une vidéo glaçante et qui décrit dans une fiction criante de vérité à quoi ressemble le PN qui se planque dans le quotidien de tant de personnes… https://www.youtube.com/watch?v=wokOgLqdtf4
Et je recommande la lecture de cet excellent livre sur le sujet: Mettre les pervers échec et mat d’Hélène Vecchiali, ed Marabout (2017)
Alors que se profilent à l’horizon les vacances, et la nouvelle année, avec son petit sac bien rempli de résolutions que l’on s’emploiera à suivre (ou pas), voici un peu de grain à moudre pour votre moulin personnel…
J’ai fait hier une expérience que j’aimerais partager avec vous, sur l’inépuisable sujet de nos dépendances de toutes sortes. Un thème bien connu dans le médical, puisqu’une dépendance, elle nous tient dans sa petite main crochue et ne nous lâche que lorsque nous avons réussi à la démasquer et à la brider. Là ! Reste sage, petite dépendance, fini de jouer ! Tout ça à cause de la fichue dopamine, l’hormone du plaisir, de la récompense, qui se croit obligée de sortir de sa cachette synaptique chaque fois qu’une occasion surgit. Alors pour certains, cette petite coquine va jouer les filles de l’air face à une partie de poker, pour d’autres, devant un jupon un peu trop virevoltant, un moyen de faire du fric rapide, ou encore la perspective d’un verre d’alcool… Les histoires sont brèves, le plaisir court mais la dopamine explose dans le cerveau et pour quelques secondes, c’est le bonheur ! Pour Noël, la furie d’achats sera cette petite prison chimique qui nous clôt le regard et ouvre grand le porte monnaie, dans une furie dépensière salutaire pour tous les commerçants de la terre.
Et moi, naïve, j’ai longtemps cru que j’étais dénuée de ces dépendances que j’observais chez les autres… Naïve, vous ai-je dit ? Trop !
Car force est de constater que ma dépendance, elle est bien réelle, même si elle prend une forme un peu atypique, ou alors trop courante mais peu reconnue. Je suis accroc au mouvement ! A l’action, à la tâche, au coup de main intempestif, à la galopade précipitée vers la moindre source d’occupation. Le principe est tout bête. Prenez un moment dans la journée où rien n’est vraiment prévu, où un espace peut prendre ses aises et se mettre à respirer tranquillement. Paf ! C’est plus fort que moi ! Il faut remplir le vide ! Et je m’invente des tas de tâches plus ou moins utiles pour combler le trou ! Tout en me plaignant de ne pas avoir le temps de faire ci ou ça, le comble ! C’est pernicieux, sournois et malin, cette petite habitude difficile à dénoncer qui devient maladive. La maladie de l’efficacité prétendue, où l’on sacrifie volontiers une forme de sérénité tranquille sur l’autel de la rentabilité et de la perfection ! On n’a jamais fini de lui faire la chasse à celle-là !
Si bien qu’hier, fatiguée de ces derniers mois, et devant le temps humide, gris et froid, j’ai mené une petite révolution tranquille. J’ai décrété la journée du pyjama, une journée lente où rien de productif de ne réaliserait. Pyjama, thé vert fumant à côté de moi, je tricote, lis et vagabonde dans une maison chaude. Pas d’objectif, juste du plaisir et de la lenteur. Je crois que la dernière occurrence d’une telle expérience datait… du bateau ! Il était temps de s’y remettre, 3 ans et demi plus tard. J’en suis encore toute retournée, apaisée et guérie temporairement (ne rêvons pas, on ne quitte pas une dépendance comme on finit un verre d’eau) de ma petite habitude tenace et chronophage.
Alors si le virus du faire vous touche également, on pourrait faire un club de résistance à son emprise mondiale, et lutter ensemble pour faire de la place pour des journées lentes en 2017… Qu’en dites-vous ???
Il est un sujet qui me gratouille depuis longtemps. Et lorsque, dans mon quotidien, des messages apparaissent, des idées, des initiatives, en lien avec ce concept qui me titille, c’est comme une petite jubilation intérieure. Une confirmation de ce que je porte, un peu loin dans mes pensées, mais toujours présent.
En fait, parmi les œuvres qui m’ont inspirée entre autres, se trouvent le fabuleux documentaire Demain (Cyril Dion et Mélanie Laurent), et le bouquin de Guy Corneau (Le Meilleur de Soi, ed de l’Homme, 2007). Deux approches sur deux sujets qui se côtoient mine de rien. Une vision de l’existence par la positive. Une démarche centrée sur l’action. On ne nie pas ici la présence du mal, l’existence de blessures, la proximité de la douleur et de la mort. On reconnaît tout cela comme faisant partie intégrante de nos existences charriées tant bien que mal au fil des jours. Seulement, au lieu de s’empêtrer plus ou moins volontairement dans un immobilisme impuissant dans lequel on englue volontiers les parties les plus vivantes de soi, on choisit, en regardant le documentaire, ou en lisant le livre (et il en existe tant d’autres !), de se concentrer sur autre chose. Sans détourner le regard de ce qui fait mal, on fait le choix de porter notre attention sur le beau, le vrai et le vivant en nous. C’est une démarche totalement révolutionnaire, car elle n’a besoin de personne autour de soi pour exister ! On cesse la dépendance au gouvernement, à l’argent, aux personnes que l’on aimerait bienveillantes autour de soi… Plus rien n’est accessible que notre petite volonté de transformer notre expérience et changer ainsi notre univers.
On touche ici à la fameuse notion de synchronicité, qui veut que notre vie se teinte de façon inconsciente des messages que nous lui envoyons. Pensez à vous-mêmes comme à une victime, et vous trouverez sur votre route tous les bourreaux qui répondront à cette image que vous cultivez inconsciemment (j’en ai personnellement fait la douloureuse expérience moultes fois…). A l’inverse, envisagez pour vous l’abondance, les rencontres fertiles et l’expansion de l’être, et la vie placera sur le chemin les êtres, les choses et les événements qui suivront ce courant d’énergie.
Il ne s’agit pas ici d’un jugement quelconque, d’une théorie ésotérique ou d’une pratique chamanique obscure. Il s’agit d’une loi de l’univers que l’on peut expérimenter assez facilement. L’image que l’on a de soi et de ses capacités va trouver une expression dans notre quotidien. Et j’adore, dans Demain, ce commentaire qui dit que, jusque là, nous avons pensé l’écologie en des termes négatifs et qui s’appuyaient sur le retrait et l’arrêt : on arrête la pollution, on ferme les centrales nucléaires, on consomme moins, on cesse de bouffer de la viande, etc. Il ne s’agit en fait plus de dénoncer. Il s’agit d’envisager, de rêver ce vers quoi nous voulons tendre. Ce qu’apporte ce documentaire, et qui explique son succès planétaire, c’est que, pour une fois, on oriente l’énergie vers le plus ! On choisit alors de consommer différemment, de penser local, de poser des actes positifs en faveur de et non plus contre… C’est immense, ce changement !
Le livre de Corneau va dans ce sens positif ! Il ne s’agit plus de fustiger un passé qui nous étouffe et nous a brimé, il faut arrêter de se pencher sur le noir et le cultiver jusqu’à la fin des temps. Reconnaître cette partie de nous est important, certes. Mais il est fondamental, une fois les constats de base faits, de dépasser l’état de marasme dans lequel nous plonge parfois le malheur. Et de se mettre dans l’action, en posant pour soi des actes qui vont dans le sens d’une reconnaissance de l’être lumineux que l’on porte et que l’on souhaite faire grandir.
Tout cela pour en arriver à la conclusion que notre monde a bien besoin d’un petit coup de brosse salutaire, et de se défaire du pourquoi qui s’enroule autour du mal et de la douleur. On défait ce nœud là, et on passe à tout ce qui pourra nourrir notre vie, nos espoirs, la partie vivante en nous qui ne demande qu’à s’exprimer. Retrouver un sens du gratuit, de l’émerveillement devant la beauté du monde. Se mettre à prier pour les populations qui souffrent et pour lesquelles on se sent démuni, quand on sait que la prière peut envoyer l’énergie à bon port et toucher ceux auxquels nous pensons. Montrer à nos enfants ce qu’il y a de beau en eux, au lieu de toujours montrer du doigt leurs failles, qui font souvent résonner les nôtres… On renverse la vapeur, et on s’engage à s’occuper de soi, un jour à la fois. C’est un défi de taille, mais tellement galvanisant !
Alors pour aujourd’hui, je vous souhaite de préserver un petit moment, une poignée de minutes, pour simplement respirer profondément et accueillir en soi la vie qui grouille sous la peau et dans l’air qui nous entoure. Juste un petit instant. Pour vous et pour le monde. Ce monde qui a besoin de notre paix.
Voilà un silence de plusieurs semaines, que je vais interrompre aujourd’hui. En réalité, je n’ai pas cessé d’écrire, mais mon support était de papier, et internet n’arrive pas encore à se brancher directement sur les mots d’encre… L’eau a donc coulé sous le pont, et je compte créer d’ici peu un nouvel onglet baptisé « Journal de vacances » pour y déposer toutes nos péripéties sur le chemin de Stevenson et la route de la Loire à vélo, pour ceux que ces périples intéresseraient.
En août dernier, je me suis de nouveau intéressée de près aux problématiques liées au stress puisque je suis intervenue dans une structure en tant qu’infirmière en santé au travail. Il se trouve que les personnes qui se rendaient dans mon bureau dans la journée venaient consulter pour des maux divers, parfois anodins (semble-t-il), ou parfois un peu plus importants. Alors j’évaluais, j’enquêtais, je prodiguais des soins. Surtout, j’essayais de déterminer l’origine de ces maux pour orienter la personne au besoin et l’aider à trouver un soulagement. Or,presque chaque fois, j’en arrivais à percevoir des éléments qui avaient pu contribuer, de près ou de loin, à un niveau de stress important. J’écris «important » car le stress ponctuel et de faible intensité n’a pas d’impact sur la santé. Il produit certes des effets sur le corps : tachycardie, respiration rapide, augmentation temporaire du sucre dans le sang, etc. En revanche, le stress qui devient chronique et en intensité plus élevée provoque toutes sortes de maux qui s’opposent à une vie saine et en santé. On a souvent tendance ainsi à en minorer les impacts, mais ceux-ci peuvent être dévastateurs… On pense ainsi (voir pour cela l’article publié sur les effets du stress : Stress and Health, Major Findings and Policy Implications De Peggy A. Thoits, publié dans le Journal of Health and Social Behavior, November 2010, vol. 51 no. 1 suppl S41-S53) à des maladies diverses liées à la santé du cœur, la respiration, les problèmes digestifs, musculo-squelettiques, etc. Les maladies autoimmunes peuvent aussi trouver là une partie de leur origine, et on apprend chaque jour de nouvelles conséquences du stress sur notre santé.
Le stress, je l’ai bien connu (c’est toujours un pote, d’ailleurs, qui revient me voir de temps en temps), je l’ai donc étudié, notamment à l’occasion d’un projet de fin d’étude que j’avais mené sur le sujet, appliqué au monde du travail. Et à l’occasion de l’expérience vécue le mois dernier, j’ai décidé de développer divers outils afin d’aider les personnes qui venaient me voir à mieux gérer leur stress. Car chacun a ses stratégies! Mais si le stress prend trop de place, il faut s’interroger sur la pertinence et l’efficacité des outils choisis. Par exemple, certains jugent que ce qui les aide à surmonter une situation difficile peut être la consommation de tabac, d’alcool, de nourriture grasse et sucrée et d’autres drogues diverses. Ou alors on peut choisir d’utiliser des stratégies psychologiques, mais qui n’ont pas toujours les impacts recherchés : attitudes d’évitement, agressions verbales ou physiques, etc. Il existe ainsi toutes sortes de façon de gérer les émotions négatives, ainsi que les peurs et l’anxiété générées par des situations stressantes vécues au quotidien. En la matière, il n’existe pas de recettes miracles.
Mais il me semble important de faire le point sur divers aspects du problèmes : 1) a-t-on conscience d’être stressé? Il existe des échelles de stress, des tableaux pour identifier les signes de stress, et qui peuvent nous aider à prendre conscience de ce stress et de la place qu’il occupe au quotidien 2) a-t-on des stratégies pour faire face au stress? Qu’il s’agisse de boire un coup le soir après le boulot, peigner la girafe, de pelleter les nuages, chanter des chansons de Nana Mouskouri sous la douche, pratiquer le yoga ou d’apprendre à faire des châteaux de carte, toutes les stratégies doivent être identifiées. 3) Ces stratégies ont-elles un impact positif sur le niveau de stress? Il ne s’agit pas alors de juger chaque façon de réagir au stress, mais de faire un bilan en terme d’efficacité : le moyen choisi est-il réellement adapté pour faire diminuer le niveau de stress… ou non? Si les effets secondaires créent d’autres problèmes (gueule de bois, blessures, stress créé par l’activité, etc.), il peut être intéressant de s’ouvrir à des pratiques différentes.
Surtout, en étudiant la question, j’en suis venue à la conclusion que le stress a de multiples facettes, et qu’avoir une approche unique n’avait pas de sens. Il s’agit de prendre cette réaction naturelle à la vie quotidienne dans tous ses aspects, et donc d’avoir une stratégie globale touchant divers domaines. J’entends par là qu’il faut autant s’attaquer à gérer le stress sur le plan physique, psychologique, cognitif que spirituel. Ce qui revient à intervenir sur la santé du corps (sommeil, alimentation, exercice physique), le bien être (relaxation, échanges avec des personnes soutenantes, lecture d’ouvrages en psychologie positive), l’analyse rationnelle (recherche des causes, conséquences et moyens de surmonter le stress), et la dimension spirituelle (usage de la prière, la méditation, réflexion sur notre place en tant qu’individu…).
Prendre le temps de réaliser ces aspects de notre quotidien peut nous permettre de mieux les gérer et de ne plus en être la proie. Il s’agit de sortir d’une dynamique mortifère qui nous fait dépenser une énergie incommensurable dans des activités (mentales ou physiques) qui ne servent finalement qu’une idée que l’on se fait de nous-même, ou qu’un schéma de pensée qui se reproduit sans avoir de raison d’être. Il s’agit, en somme, de se libérer un peu de nos prisons intérieures et d’arriver à vivre plus sereinement et pour les bonnes raisons. Histoire d’aller plus loin sur le sujet, je vous propose sur le site des outils que vous pouvez utiliser pour commencer un petit travail pour mieux gérer le stress. Faites-moi part de vos idées et de vos expériences si vous en avez envie/besoin!