Se tenir là, dans la rue, avec un amoureux dont on prend la main. Marcher sur les trottoirs de la ville, sous la pluie battante, et n’avoir que cela à faire, que les gouttes à conquérir. Se laisser attirer par un café lounge, s’affaler sans manières sur un canapé, boire un chocolat chaud décadent tant il contient épais de cacao… Lire, un de ces magazines qu’on est allé acheter quelques minutes plus tôt dans une maison de la presse où on a passé bien vingt bonnes minutes à flâner, sans se gêner pour l’heure, le temps, les tâches à accomplir… Lire sans perdre une minute, sans compter, sans mesurer. Sortir quand on a décidé de le faire, et non parce que quelqu’un nous attend, à la maison. Chercher des histoires, des films, des musiques dans une boutique où l’on se rend sans trop savoir ce qu’on y cherche. Retrouver ce sens du gratuit. S’extraire de la petite vie rythmée par des cris d’enfants dans la journée, par les repas à préparer, par le chien à sortir, par les devoirs à relire ou les mots à signer. Sortir de ce qui fait le temps bien repassé de la semaine, et des fins de semaine, pour froisser un peu celui que l’on se construit à coup de week end en amoureux… Et aller chercher son repas au marché. Celui des Halles, qui est horriblement cher, mais qui pour une fois est abordable : on est que DEUX à manger ! Alors on se gâte, on oublie les pâtes et les protéines par paquets de 1 kg, on ne va plus à l’efficace : on carbure au plaisir. Au menu, artichauts, asperges pimpantes, joues de lottes et bulots frais. Pas de dessert, pas de surplus de rien, tout y est, on savoure. Et Domino, sa queue en virgule, qui attend que je vienne lui ouvrir la fenêtre. Lui qui se balade crânement dans une maison où le chien n’étant plus là, c’est lui le maître des lieux, de nouveau. L’ironie a voulu que ce moment soit prêt depuis des semaines. Nous préparions, nous rêvions de ces instants où tout allait être délicieux, nous imaginant sur les pistes à vélo d’une île de l’Atlantique, ou de Vendée… Nous imaginions le soleil, le vent doux, les marchés au petit matin et toutes ces petites folies adorables que réservent les temps que l’on se souhaite. Mais que nenni ! La pluie a été de la partie, et puis le vent, et puis la pluie encore. Pas moyen de camper, d’envisager de pousser les roues sur des routes détrempées. Il a fallu s’assagir, et goûter à ce qui se présentait : l’indolence paresseuse de l’inactivité. Celle qui laisse la part belle à l’inattendu et l’improvisé : le meilleur, finalement, qu’offre l’espace pour que les choses arrivent. Et elles arrivent. Je peux me poser dans un fauteuil et réaliser cette activité si rare et magique : je rêvasse. J’invente, j’imagine, je crée. Un luxe suprême où ce qui se tricote dans ma tête fait le tissu des histoires que je coucherai sur le papier, l’habit de ces personnages que j’ai envie de voir se réveiller. Les enfants vont trop vite pour cela. Ils vivent et n’attendent que le mouvement pour se lever le matin. C’est un tourbillon incessant qui abîme l’immobilité créatrice. Mais comme ils déploient leur énergie chez mon oncle et ma tante, je peux prendre par la main ma petite fille intérieure et l’emmener –enfin ! – jouer. Car il n’est pas toujours aisé d’être à la fois mère et enfant. Ce week end, je suis donc amoureuse, et j’ai cinq, six ans peut-être. Je m’amuse. Je redécouvre cette joie. Et j’adore cela.
Week-End en amoureux
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Vive la vie!
bonsoir ou bonjour
je viens de découvrir votre site, et je crois que j’y viendrai souvent
retraité,libre de toutes contraintes je prépare ,dans un premier temps ,un voyage autour de la méditérranée
vous avez réussi ce que j’aurais aimé faire,
bon courage et au plaisir
Bienvenue à vous sur le site! Je vous souhaite un bonheur tranquille sur l’eau, vous qui semblez sur le point de prendre la mer. N’hésitez pas à nous envoyer vos questions et remarques si jamais notre expérience peut vous aider à réaliser vos projets! Bon vent! Fanny
<3
Ce que j'aime te lire!