Les pins s’agitent dans la brise. Leurs branches souples exécutent une danse rythmée, leurs aiguilles s’entrechoquent et réalisent le ballet orchestré par une rafale, puis un adoucissement, puis le vent cogne à nouveau et elles s’étonnent, griffent le paysage et y dessinent des arabesques infinies.
La plage au loin fait un trait souple le long de la côte touffue. Une côte assombrie par la lumière éteinte des nuages bas. La mer chante, ses vagues paressant leur écume sur le sable mangé par l’eau.
Un couple marche au loin, lentement. Luttant contre le vent qui n’est pas tendre avec leurs cheveux emmêlés. Un autre couple les croise. “Bonjour”, peut-être. Ou bien rien. On se dévisage à peine et on poursuit. La rencontre intéresse peu. Rien sur quoi un sourire pourrait s’accrocher. Il doit se contenter de glisser, éteint, dans l’air qui s’affole en rafales.
Le soleil timide parvient à se faire entendre des nuages. Il laisse traîner un filet de lumière brillante sur la terrasse de bois, éclat doré qui éclabousse au loin la petite crique où l’eau s’engouffre à chaque vague.
Et dans les lourdes branches du pin, on distingue l’or qu’il étale sur chaque aiguille à la moindre brise. Tout se tait. Les anges rient dans un coin du ciel et l’instant reste suspendu là et se balance doucement.