Juste à côté de vous…

Je suis discrète, dans le blog, cette année. On dirait que la vie va trop vite, et que je peine à rattraper le wagon qui s’enfile sur les rails… Mais je prends le temps à présent. Ironie de l’histoire, je m’apprête à le faire à la rentrée, précisément le moment où tout reprend… Cependant, si on est logique, c’est au moment où les jours raccourcissent que l’activité devrait s’alléger ! Alors je décide de suivre le rythme de la nature. Dans cette année folle qui vient de s’écouler pour moi, j’ai posé les bases de ma nouvelle vie, et je m’occupe enfin de l’important au-delà du matériel : l’esprit. C’est un domaine sur lequel je travaille d’arrache-pied depuis des mois. Mais cette fois, je vais l’approcher par l’écriture.

Comment vous dire que ma vie a un sens bien plus profond depuis que je fais le métier que j’aime… Je reçois en effet désormais des patients dans mon cabinet, en hypnose et en shiatsu. Je ne peux vous décrire le bonheur que c’est de voir débarquer une nouvelle personne, souvent dans un état déplorable (physiquement, psychologiquement et émotionnellement : cela va souvent ensemble) et de la voir se relever au fil des séances ! Qu’il s’agisse de l’hypnose ou du shiatsu (parfois les deux en même temps), j’assiste la plupart du temps à des renaissances, la lumière se dégage petit à petit de la personne et se met à rayonner autour d’elle, souvent à son insu au début. Les patients qui viennent me voir sont prêts à faire le voyage. Ceux qui ne le sont pas annulent après le 1er rendez-vous. Remettre en question un mode de fonctionnement fait peur, c’est tellement naturel, cette résistance… Pour ceux qui osent, nous cheminons ensemble. Je suis à côté d’eux lorsque les émotions sortent, c’est parfois violent, souvent émouvant, jamais triste. Ils vont au fond d’eux-mêmes, et déterrent des trésors dans leur passé, des pépites de souvenirs qu’ils choisissent de débloquer en hypnose. Ou ils lâchent prise et libèrent des émotions et des blocages énergétiques dans le shiatsu. Dans les deux cas, ils sont présents à eux-mêmes, se traitent avec bienveillance, avancent avec confiance même s’il leur arrive aussi de douter…

J’ai souvent le sentiment d’être comme la sage-femme qui est présente lors de la naissance de l’enfant. Son rôle est d’être le garde-fou, c’est la femme et l’enfant qui font l’essentiel du travail mais elle se tient à côté, pour eux. Et c’est incroyablement gratifiant, cette lumière dans le sourire quand la personne vous dit qu’elle ne reprendra pas rendez-vous, qu’elle a fait le chemin qu’elle était venue faire… Je suis triste, un peu, de ne plus pouvoir les voir à l’occasion des séances. Mais profondément joyeuse de ce voyage accompli, de la nouvelle vie qui commence alors, et des perspectives de bonheur qui s’annoncent.  Bravo à vous tous, qui avez le courage de travailler sur vous pour devenir de meilleures personnes, plus intègres, plus libérées dans votre corps, plus aptes à laisser la lumière vous traverser pour la déposer sur les gens qui vous entourent…

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Désarroi

OLYMPUS DIGITAL CAMERAOn connaît tous des personnes qui traversent des moments difficiles. Qu’on parle ici de la perte d’un emploi, d’un divorce, du décès d’un proche et même d’un enfant… Il n’est pas nécessaire que l’événement soit dramatique, abominable ou terriblement injuste. Il suffit simplement que vous soyez proche de cette personne, plus ou moins d’ailleurs, et que vous vous demandiez ce qu’il convient de faire. C’est pour moi une énigme perpétuelle, une interrogation qui ne trouve jamais de réponse claire, fine, bien délimitée dans la lumière. Je me retrouve alors retranchée derrière une montagne de questions, et pas toujours les bonnes attitudes.

À ce chapitre, j’ai fait une découverte cruciale : celle d’Elena Miller. Cette jeune psychiatre avait démarré un blog sur le thème de la psychiatrie « zen », voulant réconcilier l’approche spirituelle orientale avec celle, plus médicale, de l’occident. Chemin faisant, elle a été diagnostiquée il y a un an d’un cancer très grave. Elle partage depuis régulièrement ses pensées, ses batailles, ses doutes et ses victoires sur ce blog (en anglais, désolée pour ceux qui ne le parlent pas…). Un jour lui a pris l’envie (le besoin?) de communiquer sur les « boulettes » des personnes qui entraient en relation avec elle depuis ce diagnostic. Elle en a finalement fait un guide, qu’elle a publié gracieusement sur son site : http://zenpsychiatry.com/holy-shit-youve-got-cancer-a-quick-start-guide/. Ce document reprend son parcours, s’adresse à des personnes qui ont un cancer et à leurs proches. On y retrouve des idées sur la façon de se rendre utile auprès d’une personne ayant à lutter contre un cancer, les façons de s’adresser à elle (rester franc, direct, et surtout à l’écoute), et beaucoup d’autres conseils judicieux sur ces choses que subissent les personnes malades et qu’elles n’osent jamais dire…

 

Cela rejoint aussi ce conseil que l’on nous avait donné lors de mes études d’infirmière à McGill : ne jamais répondre « I understand » (je comprends) à quelqu’un qui parle de sa maladie. Car à moins d’avoir vécu une telle expérience, il y a de bonnes chances qu’on ne puisse pas « comprendre » de l’intérieur ce que l’autre veut nous signifier. Et que l’on passe à côté, du coup, de ce qu’elle souhaite transmettre et nous communiquer.

Il y a ainsi des subtilités qui nous échappent et nous blessent, quand on sait qu’on ne les possède pas dans notre besace de personne « accompagnante ». On se voudrait sincère, aidant, à la bonne distance. Et combien de fois me suis-je vue (après coup) détournée, gênée, mettant des objectifs personnels là où il n’y aurait eu y avoir que des mains tendues désintéressées… L’inconscient travaille plus vite que nous, on dirait, dans ces situations où l’ego veut se frayer un chemin à tout prix.

Vraiment, c’est un travail compliqué que celui d’accompagner. De se manifester sans savoir si l’autre est prêt à recevoir. De tendre une main quand celui qu’on vise souhaite peut-être simplement disparaître de la circulation pour un moment. C’est difficile aussi, d’exprimer une peine – même sincère – à l’endroit de quelqu’un qui vient de perdre un enfant. Quand on sait pourtant pertinemment qu’on ne pourra jamais se représenter la perte immense que ce deuil peut constituer. Et qu’il est difficile, surtout, d’accepter qu’un deuil ait son cheminement propre, qui se fiche éperdument de limites dans le temps, l’espace et dans l’esprit. Qu’il prend des formes que nul ne peut appréhender, pas même celui qui le vit. Comment savoir que telle personne préfèrera se terrer dans une vie sans surprises durant des années, tandis que d’autres auront besoin d’un soutien indéfectible et manifeste pendant quelques mois? Il n’y a pas de procédure, de carte, ni de discours à écouter. Le cœur suffit à l’affaire. Mais comme le deuil et la maladie sont des chemins solitaires, il n’est pas toujours possible de savoir si on fait mouche, ou si l’on se goure totalement dans les mots, les gestes que l’on avance. Mon désarroi se nourrit de ces silences. Mais que cela fait du bien quand, de temps en temps, des mois ou des années plus tard, on entend que l’initiative que l’on avait prise a fait une différence, une jolie différence, dans une détresse indiscible…

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