It’s been ages since I last wrote something in this blog !
Je vous pose le décor ? Petit spectacle de rue à Saint Genest Lerpt. Une toute petite femme enceinte avec un sourire immense, une chatche d’enfer, un short en jean et un T shirt qui moule son joli ventre. Lui, il arrive avec une barbe de 4-5 jours, un anneau à une oreille. Les deux parlent d’amour. Nous, on est là, à écouter ce spectacle qui semble être simplement un dialogue entre eux, au début. Ça parle d’amour. De ce qui nous échappe, la plupart du temps. Ils redisent comment ça fait, au début. Et pourquoi ne pas tomber en amour avec tous nos voisins ? Qu’à cela ne tienne ! Bien vite, tout le monde se met à la queue leu leu, on forme un cercle, puis un cercle dans le cercle, et nous encourage un troisième larron, jeune et moustachu, un peu le look de Freddy Mercury, qui se balade entre les gens, dans le chemin laissé libre entre les cercles formés par nous, toujours en file. Il est vêtu d’un slip rouge vif flanqué d’une paire d’ailes argentées en tissu synthétique, de chaussures à la romaine qui remontent haut sur les mollets, et il a des gros cœurs roses peints sur le torse, des boucles d’oreilles en forme de cœur… Le gars nous parle d’amour. De ces moments épars où l’amour se balade entre les gens, et de nous à qui il incombe de le faire vivre, enfin !
Après un moment à tourner comme ça, il nous fait nous arrêter. Et près d’une petite centaine de personnes, en cercle, se prennent les mains. On attrape celle du voisin, de la voisine. On ferme les yeux.
Il nous emmène en voyage. Il nous fait revivre un moment d’amour. Un moment où nous avons été amoureux. Alors, je vous le propose : attrapez donc là tout de suite un moment où vous avez été amoureux. Un instant de votre vie, où vous aviez les papillons. Laissez remonter le souvenir… Retrouvez les odeurs de cet instant volé aux ailes du temps. Les bruits, autour de vous. Quelles étaient les sensations, la façon dont le corps était installé, ce que vous pouviez voir… Moi je me suis rappelé un moment précis. J’y étais. Au milieu de cette place, avec tous ces gens qui voyageaient dans leurs souvenirs, j’étais dans les bras de ce chéri dont j’étais amoureuse. Ce n’était pas un moment extraordinaire de notre histoire, juste un moment dont je me souviens, qui était précis et chéri dans ma mémoire. J’ai laissé quelques larmes baigner mon visage, parce que c’était beau, c’était bon de se retrouver dans ce temps suspendu pour quelques secondes.
Où sont les moments d’amour ? Qu’en faisons-nous ? Les laissons-nous partir, ou bien sommes-nous à jamais capables d’en faire une petite suite heureuse et qui se niche joyeusement dans tous les recoins du quotidien ? Ce spectacle, je l’ai trouvé terriblement touchant. Simple et authentique. Bienvenu après ces mois de confinement où les gens ne se touchaient plus, où chacun allait son chemin en faisant un détour pour ne pas être en contact. Retrouvons le sens du contact, de la chaleur humaine. Et déployons l’amour dans toutes ses formes. L’amour amoureux, mais aussi l’amour filial, l’amitié, l’amour qui se vaporise dans une conversation avec des inconnus, celui qui s’infiltre dans un sourire au détour d’une rue, l’amour simple qui se transmet par la voix, le geste, le regard…
Le spectacle était de la compagnie Superfluu (https://www.cie-superfluu.com) sur lequel on peut lire cette très belle citation :
“On peut consolider la falaise d’où l’on va sauter, mais pas le vide dans lequel on s’élance.” Eugène Lion.
Et, à tout prendre, Eugène a raison : l’amour c’est un vide que l’on ne pourra jamais consolider… A un moment donné, il faut se lancer !