
Illustration Félicie Krikler
Allons… Un peu de poésie dans ce monde de brutes ! Je vous laisse sur un chapitre que j’ai dû supprimer pour la version finale de mon livre à paraître cet été: Tricots, Flingues et Bras Cassés. Ce petit bout d’histoire ne cadrait pas avec le rythme assez soutenu de mon intrigue, alors je le publie ici pour vous. J’espère que la petite promenade dans les Pyrénées vous changera d’air, l’espace de quelques instants 🙂
Pour resituer un peu le contexte, Charlotte est une petite fille en cavale avec Ulrich, une sorte de vieux géant qui veut la protéger et échapper à 2 andouilles aussi bêtes que méchantes qui les poursuivent. Ils débarquent à Cambo les Bains chez Gabin, un ami d’e Jeremias, pote d’Ulrich, pour se planquer quelques heures avant de reprendre la route…
Cambo les Bains, la maison de Gabin
Il était déjà près de minuit. Après le départ de Jeremias, la petite avait dormi plusieurs heures dans le petit lit, tandis qu’Ulrich veillait à ses côtés sur sa chaise en bois, guettant par la fenêtre les allées et venues des voisins. Jeremias avait fermé son café depuis quelques heures, et avait offert un repas digne de ce nom à ses invités. Ils s’étaient installés tous les trois dans la pièce étriquée qui tenait lieu de cuisine et était éclairée au néon, ce qui diffusait un éclairage déprimant sur le repas que leur avait servi leur hôte. Ragoût d’axoa et un lukinke du coin, que Charlotte reconnut comme un saucisson sec dont elle ne raffola pas trop. Le piment d’Espelette du plat lui fit cracher des flammes qui l’empêchèrent de manger par la suite. De toute manière, elle ne fut pas capable d’avaler grand-chose. La fillette se demandait surtout à quel endroit Jeremias comptait les emmener, puisque c’était ce qu’il avait promis de faire. Elle restait étonnamment silencieuse, laissant les deux hommes évoquer leurs vies et ces étapes qu’ils avaient manquées sur les vingt cinq dernières années.
Jeremias avait eu trois enfants avec une femme qui l’avait quitté trois ans auparavant pour aller vivre avec un saltimbanque, un acteur saisonnier qui gagnait à peine de quoi nourrir les trois mômes. Bien sûr, le père esseulé se faisait un sang d’encre pour sa progéniture, et envoyait de temps en temps un de ses amis chasseurs faire un petit tour vers Peyrehorade, où ils habitaient désormais, histoire de vérifier que tout se passait à peu près bien. Son ex-femme gardait de bonnes relations avec lui, mais refusait que ce dernier les voie autrement que durant les vacances. Jeremias se consolait en se disant qu’au moindre écart de son rival, il débarquerait avec sa bande de copains pour aller faire quelques jolis motifs sur la peau au bonhomme, à coups de fusils bien ajustés.
Charlotte apprit aussi qu’Ulrich avait fait plusieurs métiers qui l’avaient fait voyager aux quatre coins du monde. Il avait roulé sa bosse longtemps jusqu’à ce qu’il finisse par se poser dans sa petite cabane isolée de Sables d’Or les Pins.
Jeremias entreprit de nettoyer la cuisine avec l’aide de son ami et décréta qu’il était temps de lever le camp. Son ami Gabin attendait les fugitifs dans sa maison de Cambo les Bains, et il était l’heure de le retrouver. Le barman enfila une grosse veste de velours vert foncé, et attrapa près du comptoir du café les clés de sa voiture. Ulrich prit la petite par la main et tous les deux s’engouffrèrent dans la voiture de leur hôte. Charlotte mourrait de froid dans la petite auto et serrait contre elle son petit manteau. Ulrich s’en rendit compte et la couvrit de sa propre veste. Il n’ouvrait pas la bouche, et la petite le sentait concentré, un brin anxieux. Elle se taisait également, sentant que l’heure n’était clairement pas au bavardage, et elle était de toute façon trop fatiguée pour penser à quoi que ce soit. Le trajet dura près d’une demi-heure. Afin de s’assurer qu’ils n’étaient pas suivis, Jeremias avait rallongé la sauce et pris quelques détours. Ils quittèrent Hasparren rapidement, et après Espelette, Jeremias bifurqua sur la droite pour prendre une route secondaire. Après quelques minutes, il emprunta un chemin pierreux qui fit cahoter la voiture d’Ulrich d’une façon désagréable, et ils parvinrent après un kilomètre à une petite maison plantée au milieu de ce qui ressemblait à un immense domaine.
Lorsque Charlotte ouvrit les yeux le lendemain matin, des chants d’oiseaux emplissaient tout l’espace de la chambre. Elle se tira de la chaleur d’une couette moelleuse d’un saut sur le parquet, et se faufila à l’étage en dessous pour explorer le coin. Elle avait enfilé au passage la veste épaisse qu’Ulrich lui avait prêtée la veille, et elle avait aux pieds les chaussettes de la tenue qu’elle portait depuis quelques jours. Il allait falloir s’équiper en nouveaux vêtements, mais cela attendrait. Elle était lève-tôt, par opposition à tous les adultes de sa connaissance, et fût surprise de découvrir que leur hôte était déjà dans la cuisine. L’homme, qui les avait accueillis la nuit précédente était en train de pétrir une pâte qu’il écrasait à présent avec le plat de la main. Près de lui, un énorme chien se tenait assis, la tête haute et le regard digne. Il avait une stature qui rappelait l’ours et le lion à la fois, devait bien faire cinquante kilos, et sa gueule énorme était ouverte pour laisser une langue interminable pendouiller lamentablement. En la voyant entrer, l’animal se précipita sur elle. La petite fille eut un sursaut de peur devant l’imposante bête avant de se mettre à caresser sa fourrure noire et blanche quand elle le vit sentir ses vêtements, sa queue battant l’air tant il semblait heureux de l’accueillir.
Elle se glissa ensuite sur le banc qui longeait la grande table en bois où le prénommé Gabin était en train d’officier. Un feu crépitait dans la cheminée proche, et l’homme la regarda en souriant des yeux avant de se concentrer de nouveau sur son pétrissage. Il devait avoir dans la cinquantaine, les épaules larges et le corps assez trapu. Un visage avenant marqué de fines rides qui lui dessinaient un regard bienveillant sur des yeux d’un bleu très clair. Ses mains imposantes effectuaient des gestes étonnamment précis, que la petite prit plaisir à observer durant quelques minutes.
Finalement, l’homme la regarda et expliqua:
– Le chien s’appelle Aldo. C’est un mâtin des Pyrénées. Il est adorable avec les enfants, tu sais. Et puis c’est un véritable amateur de saucisson ! Tu es bien matinale, jeune fille, ajouta-t-il après un moment.
– Chez mon père, je suis toujours la première levée. C’est moi qui prépare le café pour mon précepteur. J’aime bien l’odeur. Mais je déteste le boire. Et vous, vous aimez le café ?
L’homme hocha la tête, et promena de nouveau son regard lumineux sur elle une poignée de secondes.
– Pourrais-tu me donner un peu de farine, si tu as les mains propres ?
La petite passa sa main sur la tête au pelage soyeux du gros Aldo, puis sauta du banc, fila vers l’évier pour se laver soigneusement les mains, avant de revenir vers la table pour prendre une bonne poignée de farine dans une boîte en métal. Elle dispersa un petit nuage blanc au-dessus du tas que Gabin lui indiqua du menton. Celui-ci mélangea la farine à la boule qu’il était en train de travailler, et demanda :
– Pourquoi as-tu un précepteur ?
– Mon père, il n’a jamais le temps de s’occuper de moi. Et il dit qu’à l’école, on n’apprend que des idioties. Alors il y a un précepteur à la maison, pour m’enseigner tout ce qu’il faut savoir. C’est votre métier, boulanger ? demanda-t-elle après s’être assise de nouveau, les mains blanches de farine.
Elle s’était agenouillée sur le banc, et avait les bras posés à plat sur la table pour mieux observer les gestes de Gabin.
L’autre continuait à pétrir sa pâte lentement et répondit laconiquement :
– Non. Ce n’est pas mon métier.
– Alors c’est quoi ? insista la petite en frappant ses mains l’une contre l’autre.
– Ce que je fais n’a pas de nom.
– Pourquoi ?
– Parce que j’exerce un travail qui n’existe nulle part ailleurs.
– Mais c’est quoi, alors ? interrogea Charlotte, intriguée. Vous êtes dresseur d’ours-chien ? Fabricant de sculptures en pain ?
Elle regardait en effet l’homme former un visage avec des bourrelets de pâte qu’il assemblait avec un certain talent. À l’évocation de ces métiers incongrus, il sourit et leva le nez pour la regarder :
– Je te raconte ce que je fais, et toi, tu vas trouver un nom pour ce métier là, d’accord ?
Charlotte rosit de plaisir et plissa les yeux, concentrée, en hochant la tête. Elle se pinça brièvement les lèvres, et attendit en ne quittant pas des yeux son interlocuteur. Il commença alors doucement à parler, d’une voix de basse qui caressait l’air :
– Il y a très longtemps, je me suis marié. Lila, c’était le prénom de ma femme. Un sacré personnage. Une femme très vive, tu vois, très gaie, et qui adorait les fleurs. Alors moi, comme j’étais terriblement amoureux d’elle, je lui achetais des tas de fleurs, tout le temps. Mais pas des fleurs coupées, tu vois, des vraies fleurs, en pot, des vivantes.
Charlotte hocha la tête gravement, elle comprenait. En même temps qu’il parlait, Gabin avait finalement fait une boule de la pâte qu’il avait transformée en visage, et s’était remis à la pétrir avec lenteur.
– Nous avons eu un fils, Dorian. Et puis on a acheté cette maison, à cause du jardin. Parce que tu penses bien qu’à force d’acheter des fleurs en pot, il avait fallu leur trouver une place, et notre petit appartement était devenu une vraie serre, alors on avait à peine de quoi s’asseoir, entre les géraniums, les lys et les gardénias !
La fillette approuva de la tête.
– Du coup, Lila avait ses fleurs fraîches, qu’elle venait sentir tous les matins, et Dorian avait un bel espace pour jouer.
– Et toi, tu faisais quoi ?
Gabin leva la tête et plissa les yeux dans un sourire.
– J’y viens, ma petite curieuse. J’y viens. À l’époque, j’avais un atelier de menuiserie. On y fabriquait de beaux meubles, des étagères…
– Et des armoires ?
– Des armoires aussi, en effet. Mais ça m’obligeait à être souvent sur la route, parce que l’atelier marchait bien, et il fallait vendre. Les gars qui travaillaient avec moi, qui faisaient les meubles, ils bossaient bien, alors les commandes étaient nombreuses, tu vois ?
Elle fit oui de la tête et finit par s’asseoir sur le banc, les coudes douloureux. Le chien vint poser son museau sur ses genoux et elle caressait le poil soyeux de sa tête.
– Lila aimait tellement les fleurs qu’elle avait monté une petite entreprise de fleuriste. Elle allait vendre ses fleurs sur les marchés, et elle se déplaçait beaucoup chaque fin de semaine. Et un jour, en rentrant du marché, elle a eu un accident. Le temps était horrible, du vent, de la pluie verglacée, et une visibilité très mauvaise à cause d’un brouillard qui flottait, très bas et très épais. Elle a fait une sortie de route, et ça a été terminé.
– Terminé ? demanda Charlotte en frissonnant.
– Elle est morte sur le coup, tu vois.
La petite serra les pans de la veste d’Ulrich autour d’elle, mortifiée.
– C’est une vieille histoire, tu sais. Elle est triste, mais cela fait bien longtemps. Et le temps est un malin. Il laisse tomber de petites gouttes d’oubli sur le cœur, et ça aide à vivre quand on a beaucoup aimé quelqu’un qu’on a perdu.
– Des gouttes d’oubli ? reprit la fillette interloquée.
– Oui, c’est un moyen de laisser le cœur battre, même quand on pense qu’il va s’arrêter.
– C’est pratique.
– Très. C’est comme ça que j’en suis venu à inventer mon nouveau métier. Et à m’occuper de Dorian, qui a grandi sans maman.
– Ça a dû être difficile. Moi aussi, j’ai pas de maman, et je trouve ça difficile.
– En effet. Mais Dorian, qui avait sept ans à l’époque, était un enfant solide et joyeux. Un peu comme toi, j’imagine. Et il a finalement poussé bien droit.
– Il est où ?
– Dorian ? Il habite à Toulouse. Il est marié, maintenant, tu sais. Et il a trois enfants.
– Alors t’es grand père, conclut Charlotte.
Gabin acquiesça d’un hochement de tête, et plaça la boule de pâte qu’il venait de former dans un plat qu’il couvrit d’un torchon humide. Se tournant vers son invitée, il lui demanda :
– Chocolat chaud ?
– Oui ! répondit celle-ci avec enthousiasme. Elle mourrait de faim et avait un peu froid. Mais comme le Petit Prince de Saint Ex, elle ne renonçait pas facilement à une réponse une fois qu’elle avait posé une question et demanda de nouveau :
– Mais tu fais quoi, alors ?
Gabin se mit en quête du chocolat en poudre, et entreprit de préparer un chocolat chaud maison en versant du lait dans une casserole. Il expliqua :
– Quand Lila est morte, j’ai eu beaucoup de peine. Et je n’étais plus capable d’aller vendre mes meubles, d’aller voir les clients, ou même de gérer les personnes qui travaillaient sous mes ordres.
– Les menuisiers, comprit Charlotte.
– Les menuisiers. Du coup, je restais là, sans rien faire. J’en étais bien incapable. Et puis Dorian, lui, il ne savait plus comment réagir. Il avait besoin de moi, il était encore petit, mais je n’arrivais pas à me sortir de mon chagrin.
– Tu tournais en rond.
Avec un sourire de biais, Gabin déposa une tasse fumante où flottait une fine couche de mousse chocolatée devant Charlotte. Et tandis qu’elle en dégustait la première gorgée au point de se fabriquer une jolie moustache brune, il continua.
– Un jour, Dorian s’est posté devant mon lit, que je quittais de moins en moins, et il m’a dit : « Papa, faut que tu sortes de là. J’ai besoin de toi. Maman, elle serait jamais restée au lit, tu sais, si tu étais mort. Elle se serait occupée de moi. Et puis de ses fleurs, aussi ». Alors moi, je l’ai regardé et j’ai réalisé qu’il avait raison, ce petit bonhomme.
– Alors t’as fait quoi ?
– Et bien je me suis assis sur le bord du lit. Je l’ai pris dans mes bras, et j’ai essayé de ne pas pleurer. C’était difficile, tu sais. Et puis je lui ai demandé ce qu’elle aurait fait, selon lui, Lila, pour son fils et pour ses fleurs. Et tu sais ce qu’il a répondu ?
Charlotte promena ses boucles brunes de gauche à droite, le bol de chocolat entre les mains.
– Il a dit que sa maman l’aurait embauché pour aller planter des fleurs avec son chagrin.
– Ça veut dire quoi ?
– Qu’elle aurait mis sa tristesse dans la terre. Et ça m’a donné une idée.
– Quoi ? T’as fait des trous partout dans le jardin ?
Gabin se mit à rire et s’assit devant elle, de l’autre côté de la table.
– Oui, si on veut ! Je me suis mis à planter des bulbes. J’en ai planté des dizaines, et au printemps, ça a été une véritable explosion ! Un truc incroyable ! Les gens venaient ici, et ils étaient époustouflés par ce qu’ils voyaient. Ils disaient que j’étais un artiste, alors qu’en fait, j’avais juste mis mon chagrin en fleurs.
– Une bonne idée, approuva Charlotte.
– En effet. Du coup, ça m’a tiré d’une dépression, et tout ça grâce à un garçon gros comme une coccinelle.
– Ça fait pas gros, pour un enfant !
– Bah, il n’était quand même pas si petit ! s’amusa Gabin. C’est vrai qu’il était encore jeune, mais il avait déjà compris des choses importantes !
– Et il t’a aidé à planter les bulbes ?
– Oui, il a lui aussi planté des tas de bulbes, cet automne-là. On passait du temps ensemble, c’était bien. Il me parlait peu, mais je sentais que cela lui faisait autant de bien qu’à moi.
– Et après ?
– Après, le maire est venu me voir. C’était un de mes amis, tu vois. Et puis il m’a demandé si je voulais changer de métier. Et faire ce que je fais depuis, pour les gens du coin.
– C’est quoi ?
– Planter des bulbes pour les gens qui sont vivants et qui veulent se souvenir de leurs morts.
Charlotte ouvrit de grands yeux sans comprendre. Venant à sa rescousse, Gabin expliqua :
– Le maire m’a dit qu’il me prêtait les terrains qui entourent notre maison. Ils appartiennent tous à la commune. Il y en a des hectares comme ça, tout autour. Il savait que je ne pouvais plus faire marcher mon entreprise comme avant, et que j’avais malgré tout besoin de nous faire vivre, Dorian et moi. Alors il m’a proposé de faire pour d’autres ce que j’avais fait pour Lila. Du coup, je me suis mis à offrir mes services aux gens pour créer de petits jardins à la mémoire des personnes qu’ils aimaient et qui étaient décédées.
– T’as planté des tas de bulbes.
– Exact. Et j’ai encore beaucoup de parcelles à couvrir.
– Et les gens, ils viennent voir le jardin, des fois ?
– Oui ! Ils amènent des chaises, des tables même parfois. Certains se réunissent chaque année en mémoire de la personne qu’ils aimaient, d’autres se retrouvent ici les fins de semaine.
– Et les bulbes ? T’as arrêté d’en planter ?
– Pas du tout !
L’homme se leva pour aller préparer quelques tartines. Tout en coupant le pain, il expliqua :
– Les gens veulent parfois changer les fleurs de leur jardin, alors je refais un plan pour mettre des variétés un peu différentes. Et puis après quelques mois, j’ai fini par reprendre la menuiserie. Du coup, mes salariés se sont mis au mobilier de jardin, et mes clients achètent de quoi se faire un joli petit coin. Il y en a qui considèrent que cet endroit est leur jardin, et ils viennent le soir parfois, quand il fait beau, pour manger et se reposer.
Charlotte croqua dans une tartine qu’elle venait de beurrer avec un plaisir évident, et s’exclama finalement :
– Ch’est génial ! Comme ça, y a des gens tout le temps ichi !
– Exact ! Mais là, tu vois, comme tu es en cavale avec ton ami Ulrich, j’ai décidé de fermer le jardin quelques jours, le temps que vous puissiez vous cacher sans être ennuyé.
La fillette ne répondit pas. Elle finit de mâcher, puis regarda Gabin et dit :
– Alors ce sera « chantegrin ».
– Quoi, chantegrin ?
– Ben le nom du métier que tu fais. C’est pour faire chanter les chagrins.