Aux femmes de ma lignée

En tant que thérapeute, je remarque un phénomène touchant… Les patientes que je suis (car elles sont le plus souvent des femmes) arrivent toujours, au terme d’un long travail sur elles, à travailler sur leur lignée. La lignée des femmes qui les ont précédées. C’est une expérience que je fais aujourd’hui, après des années de retour sur mon identité, sur les fondations nouvelles de la vie que je choisis pour moi… Je connais des bribes, des petits bouts d’histoires de ces femmes qui habitent ma famille. J’en perçois les souffrances, les mots tus, les erreurs, les transpirations invisibles. J’ai écouté, prêté l’oreille à ce qui n’avait pas été dit. Le cœur, l’intuition ont perçu les silences lourds, et les cris qui n’avaient jamais été poussés. Comme une chaîne de douleur qui s’est prolongée, en filigrane, jusqu’à moi, jusqu’aux femmes de ma génération. J’ai perçu dans ma vie la trace de ces pertes de liberté, de ces limites qui ont pu, à maintes reprises, contraindre mes choix et les cantonner à des cadres bien trop petits…

Le travail que j’ai réalisé depuis quelques années, c’est un peu le leur. Je casse les schémas. Par conflit de loyauté, je peine à laisser au sol la chaîne qui les reliait. Comme si je me sentais coupable de les abandonner à leur sort… Je sais, je sais bien au fond, que c’est un lien puissant et d’une tout autre nature, qui va les relier désormais entre elles. Un lien doux, sain, un lien qui n’étouffe ni n’éteint. Mais il faut d’abord casser la chaîne et qui suis-je, moi, pour le faire une bonne fois pour toutes ? Je le fais, c’est indéniable. Je m’affranchis des règles invisibles qui ont pu régir leurs vies, à leur insu. Je fais péter le cadre, toujours trop petit et ce depuis le départ, pour la grandeur qu’elles auraient pu manifester, déployer. Ce qu’elles ont fait malgré tout parfois, jusqu’à un certain point. Ce point, je veux qu’il recule désormais. Je ne me donne aucune limite, car je sais qu’il n’en faut pas. Ou alors celles que je me choisirai, si je le juge nécessaire.

Car il y a un temps pour pleurer, et il y a un temps pour guérir. Un temps pour raser, un temps pour construire. Je vais donc construire, et le faire la joie au cœur, car de me libérer de mes vieux schémas m’autorise à le faire pour elles, qui n’ont pas toujours eu cette chance. Je le fais également pour les femmes qui prendront ma suite, mes petites filles peut-être… ? Ce travail de schémas que l’on casse pour soi, il atteint finalement toutes les générations et libère le monde. L’enjeu en vaut la chandelle.

 

Merci à toutes ces femmes qui m’ont précédées de m’avoir guidée, de me réchauffer de leur présence, de leurs encouragements muets, jour après jour, quand les doutes refont surface et que la route est dure, chaotique, sèche comme un désert de sable. Je sens votre amour et cela m’aide à poursuivre. A nous toutes, on va arriver à se libérer des vieux tissus qui ont étouffé nos vies, notre créativité, notre intuition et nos parts féminines si précieuses…

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Journée de la Femme !

Une offrande fleurie de Sacha

Je dédie ce post à toutes ces femmes qui…

Prennent dans leurs bras pour consoler ou sécher des larmes

Tendent la main vers un enfant, un vieux, une peine d’amour

Cuisinent des années durant pour ceux qu’elles aiment

Pleurent quand elles voient les hommes faire la guerre

Rient et sont belles juste comme ça, sans maquillage

Sont amoureuses et le crient dans la nuit

S’émerveillent d’un lever de soleil et connaissent le nom des fleurs

S’énervent au volant, pour en rire ensuite bien fort

Subissent de la violence, et taisent chaque jour les coups reçus

Sourient quand on leur offre des fleurs

S’agenouillent sur le sol froid des églises

Aiment leurs enfants sans jamais rien en attendre

S’étiolent dans des métiers usants par amour des gens

Se battent pour l’harmonie, la paix et le bonheur

Nettoient, rangent et font place nette, pour que leur monde soit un peu plus beau

Arrosent une plante et la regardent pousser chaque matin

S’affairent à la journée longue et s’arrêtent, fatiguées mais contentes

Dansent sous une pluie battante et ruissellent joyeusement

Ont la rage au cœur quand elles voient que rien ne change

Font danser des doigts timides sur la joue d’un nouveau né en pleurant

Ont le cœur serré de voir des mères souffrir à l’autre bout du monde

Peinent à s’enfuir, par peur de blesser

S’éteignent doucement, dans un soupir et sans un bruit

Sont passionnées, faillibles, exubérantes et vivantes, touchées et émouvantes…

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